JL à l’écoute de… Aujourd’hui Sylvain Gillet

Sylvain Gillet, un auteur qui se veut sans prétention être connu dans le monde entier, haut en couleur et qui sait se faire entendre quand il le faut.
Sylvain Gillet, né le 21 octobre 1968 à Reims, a grandi à Troyes. BAC C puis DUT GEA FC (DUT de comptabilité, pour rassurer les parents). Il a commencé le théâtre (comédien) en amateur à 14 ans. Il a joué de plus en plus (théâtre de boulevard et café-théâtre) pour devenir professionnel (Intermittent du Spectacle) à 22 ans. Il est monté à Paris. Ensuite, il a entamé une carrière de comédien à la « chasse aux cachets » : tout et n’importe quoi, dont du théâtre classique, moderne, one man show, petits passages télé, doublages, etc. Écriture de sketches, de programmes courts tv, de pièces de théâtre. Puis écriture de scénarios (courts métrages), réalisation de 4 courts métrages, écriture de 4 longs métrages qui n’ont jamais vu le jour, scénarisations et réalisations de très nombreux petits films d’entreprises (communication interne, JT de séminaires, clips, etc.), un peu de scénarisation pour la télé, puis… La lassitude de passer son temps à chercher l’a envahi. Il avait trop cherché producteurs et argent pour ses projets persos, et donc… il abandonne tout ça, il y a quelques années. 28 ans en cumulé en tant qu’Intermittent du Spectacle.

Que faisiez-vous avant d’écrire ou parallèlement à l’écriture ?
Eh bien donc, ma carrière de comédien / scénariste / réalisateur du paragraphe précédent.

Quelle est votre passion ?
Lectures, écriture, musique, bouffe, vie… Ainsi que le reste.

Qu’attendez-vous de vos lecteurs, admirateurs ? Comment vous faites-vous connaître ?
Qu’ils existent ! Et qu’ils soient de plus en plus nombreux ! Je me fais connaître via mon site sylvaingillet.fr, Facebook, mes dédicaces en salons du Livre et librairies, tous les articles de presse et média en général que je peux décrocher.

Faites-vous des rencontres, des lectures ou des conférences sur vos ouvrages ?
Oui. Partout où je peux, si cela ne me fait pas perdre d’argent.

Depuis quand écrivez-vous ? Qu’avez-vous déjà écrit ?
Depuis mes 16 ans, je dirais… Café-théâtre d’abord, puis 5 pièces de théâtre, puis un premier scénario de long métrage, puis une grosse dizaine de courts métrages, beaucoup d’épisodes pour différents programmes courts tv (pas toujours achetés), beaucoup de petits scénarios pour films d’entreprise (gagne-pain), 3 autres longs métrages, puis… Tatata… 3 romans : « Ludivine comme Édith » chez Thot en 2018, « Commedia Nostra » chez Ramsay en 2020 et « Venenum » chez Ramsay en 2022.

Quel est votre dernier livre ? Pouvez-vous nous en parler ?
« Venenum », éditions Ramsay 2022 :
Embauché sur une croisière transatlantique Lisbonne-New York, le guitariste Abel Diaz enquête, sans qu’on lui demande, sur la mort soi-disant naturelle de Orville Montgomery, un compagnon musicien parti trop tôt pour le Paradis du Blues.
En France, le commissaire Ange Amadeo fait face à une série de meurtres de prostituées. Y a-t-il un lien entre tous ces crimes ? Une fois son neurone à intrigue titillé, ce guitariste au douloureux passé va remettre en question ce qui paraît incontestable, en creusant des pistes et en se posant des questions dont sa compagne, la très bavarde guitare Linda, ne sera pas la dernière à se moquer.
Une investigation mêlant meurtres croisés de plus ou moins longue date et loufoqueries diverses, durant laquelle Abel fera face aux venins du passé qui continuent d’empoisonner le présent.
Avec cette nouvelle enquête du guitariste Abel Diaz, l’auteur nous propose un roman noir avec de nombreuses pointes d’humour où rien n’est ce qu’il paraît être.
Une enquête sur un meurtre presque parfait mêlant suspense, blues, loufoqueries et vengeances inattendues. Un style riche fait de lyrisme, d’inventivité et de gouaille.

Où peut-on se procurer vos ouvrages ?
Commandable dans toutes les librairies, sites de ventes en lignes, et auprès de l’auteur : via son site ou son mail : lesylvaingillet@gmail.com

Quelle est votre position par rapport aux publications à compte d’éditeur, à compte d’auteur ou à compte participatif ? Aux e-book ?
Le compte d’éditeur devrait être la norme. Mais attention, il y a énormément d’éditeurs en France (+ de 500), et la plupart sont trop petits pour travailler avec un distributeur (transport des bouquins, mise en place) et surtout un diffuseur (réseaux de représentants qui présentent les bouquins aux libraires). Un compte d’éditeur chez un éditeur qui n’a pas de distributeur n’a que peu d’intérêt. S’il en a un (ce n’est pas si difficile à décrocher, mais il faut tout de même que cet éditeur publie régulièrement et un minimum par an), c’est encore bien mieux d’avoir aussi le diffuseur qui va avec. Ce qui est compliqué, c’est que les distributeurs sont les mêmes que les diffuseurs. Mais, selon les contrats signés avec l’éditeur, ils peuvent très bien ne fournir que la prestation distribution (ce qui est souvent le cas) et pas la diffusion (représentation concrète). Ensuite, c’est encore mieux si l’éditeur investi un peu dans la promo avec attaché de presse ou pas. Il n’y a pas de règles. Même les gros éditeurs ne fournissent pas toutes ces prestations à tous leurs auteurs. Un éditeur donc… d’accord, mais il faut qu’il investisse, qu’il s’investisse sur le bouquin. Le nombre de bouquins mis à disposition du distributeur est certainement le critère principal. Si l’éditeur ne met à disposition qu’un petit tirage au distributeur, celui-ci ne pourra vendre que ce qu’il a. Tout est donc une question de prise de risque de l’éditeur. C’est plus cher s’il met 200 000 exemplaires à disposition du distributeur que 500, plus risqué, d’autant plus que c’est sur ces mêmes tirages que l’investissement promotionnel fort (pub, attaché de presse, etc) se fera. Ce n’est que du capitalisme, malheureusement.

Les e-book ne sont que d’autres contrats que l’on signe avec une autre maison d’éditions, généralement proposée par la première (papier).

L’auto-édition rapporte plus dans des petits volumes, mais moins après. C’est une question d’ambitions (commerciales et littéraires). Si la qualité est loin d’être toujours au rendez-vous pour du compte d’éditeur, elle l’est encore beaucoup moins pour l’auto-édition et le compte d’auteur. Que ce soit d’un point de vue impression (qualité de l’objet « livre ») ou contenu (langue, style, grammaire/orthographe, originalité, intérêt pour le lecteur), j’ai bien trop souvent découvert des trucs vraiment pas pro, pas à niveau, qui polluent, selon mon humble avis, l’édition en général qui, par le seul compte d’éditeur, est déjà ultra saturée. Ce sont aussi, il faut bien l’avouer, de bons moyens de ne pas être jugé professionnellement, par un éditeur, donc de ne pas être déçu, de fuir des confrontations multiples (on peut postuler auprès de très nombreuses maisons d’édition) qui risqueraient de faire comprendre à l’auteur que ce qu’il écrit n’est, peut-être, pas aussi génial qu’il ne le pense. D’ailleurs, de simples conversations littéraires (rares) avec certains de ces auteurs peuvent démontrer le manque d’épaisseur culturelle de ces derniers.

Le compte d’auteur est une arnaque à fuir absolument. Parfois plusieurs milliers d’euros demandés pour se faire éditer à des conditions merdiques, sans la distribution promise mais jamais effectuée. Une arnaque basée sur la crédulité d’auteurs prêts à tout pour se faire publier.

Le compte participatif dépend des prestations fournies par l’éditeur, souvent pas terribles, et le nombre de bouquins à acheter. Passé 50 exemplaires, c’est peut-être un peu beaucoup. L’éditeur ne prend pas beaucoup de risques (certes un peu plus qu’à compte d’auteur…).

Quel est le conseil le plus important que vous ayez reçu ? Pas forcément pour les livres ?
Fonce !

Quel conseil donneriez-vous aux amateurs d’écriture ?
En es-tu bien certain ? Travaille et retravaille… Relire au moins dix fois sa copie. Et puis… qui suis-je pour conseiller…?

Que préférez-vous écrire ou lire : des romans, des poésies, des essais, des nouvelles, des biographies ?
Lire : Romans, nouvelles, poésie, et dans le temps… beaucoup de théâtre (boulot oblige). Et aussi des articles sur le catch féminin… Non, je déconne.
Écrire : tout.

Comment écrivez-vous ?
Très bien, avec du style. Et sinon, sur ordinateur portable. Pas tous les jours, mais longtemps quand je commence, 10h-18h sans interruption, car me sachant procrastinateur, j’en profite quand ça sort…

Où puisez-vous votre inspiration ? Avez-vous eu, en vue d’écriture, des commandes d’ouvrages ?
Pas pour les romans. Pour l’inspiration, ce serait trop long d’en parler, ou pas assez…

Comment construisez-vous vos intrigues, vos personnages ? Vos personnages sont-ils toujours imaginaires ?
Toujours. Je réutilise parfois des textes/scénarios écrits autrefois, dont je trouve qu’il serait dommage de les laisser dans un tiroir. Maintenant, même quand un auteur parle d’un kangourou qui fait de l’auto-stop sur Mars, il parle de lui, car… d’où sort-il ce qu’il écrit ?

Quels sont vos auteurs préférés ?
Quand on ne peut en citer que quelque ‘uns, c’est que l’on a pas lu grand-chose.
Je dirais… Bukowski, Richard Russo, Romain Gary, Henri Miller, Philip Roth, Yourcenar, Mauriac, Alvaro Mutis, Dino Buzzati, Pascal Lainé, Sorj Chalandon, Joe R. Lansdale, Asimov, Ian Levison, Sherman Alexie, Russel Banks, Arnaud le Guilcher, Regis Jauffret, Frédéric Fajardie, Boulgakov, Reinaldo Arenas, Pessoa, Jonathan Coe, Saramago, Tom Sharpe, etc, pour les romans.
Pablo Neruda, Queneau, Beaudelaire, Dylan Thomas, Prévert, Christian Bobin, Ghérasim Lucas, Bukowski, etc, pour la poésie.
Jean Anouilh, Guy Foissy, Ionesco, Garcia Lorca, Jean Tardieu, Georges Feydeau, Edmond Rostand, Eugène O’Neill, Arthur Miller, Françoise Dorin, Armand Salacrou, Luigi Pirandello, Vaclav Havel, René de Obaldia, etc, sans oublier, le taulier, Molière, pour le théâtre.

Que lisez-vous en ce moment ?
Du Lydie Salvayre (le 4e que je lis, pas mal), du Pascal Bruckner, du Calvino que je n’avais pas lus, et… des factures. Toujours 2, 3 ou 4 bouquins en même temps, dans différents styles, histoire de passer de l’un à l’autre en fonction de l’heure et de l’ennui dudit bouquin.

Travaillez-vous sur de nouveaux projets ?
En correction : un recueil d’épisodes courts concernant les enquêtes complètement loufoques d’un détective privé, con, ringard, stupide, mais… sympathique.
Et un nouveau roman : initiatique, découverte de la vie durant des vendanges.

Avez-vous des dates d’événements à venir ?
Plein. Tous les week-ends jusqu’à Noël (librairies, salons du Livre). Après, on verra… Présentation lecture le 3 février à la médiathèque de Montargis.

Où peut-on suivre vos actualités ? Vos parutions ?
Sur Facebook et mon site web

Le 31 10 2023
Sylvain Gillet

Extrait du chapitre 1 de « VENENUM » de Sylvain Gillet (Ramsay 2022)

Le Diaz s’approche de trois autres individus déjà présents au rendez-vous. Un noir d’au moins soixante-dix piges et une version renouvelée de Don Quichotte et Sancho. Notre guitariste de blues s’arrête à quelques mètres du trio pas vraiment infernal. Aucune réaction particulière. Les quatre hominidés s’observent. Un peu trop. Une séquence cinématographique qui aurait été réduite au moins de moitié par tout monteur professionnel. Finalement, comme souvent, c’est le héros de l’histoire qui se décide à causer. Et le héros, ici, c’est Abel Diaz :
— Salut les gars. Vous n’avez pas changé… Cela dit, y aurait peut-être mieux valu.
— All right… Toujours aussi sarcastique, la Diaz, à ce que j’entends…
Celui qui vient de répondre au gratteux est l’élément qui chottesque de l’entrevue. Une sorte de grand coton-tige s’appuyant sur un étui de guitare basse. Son ami batteur est lui aussi un coton-tige. Mais avec tout le coton au milieu. Le bassiste à la triste figure poursuit les retrouvailles :
— T’es pas heureux de nous revoir, Abel ?
— À part le fait que j’ai envie de m’ouvrir les veines, ça va. En fait, c’est trop d’bonheur. J’crois que j’vais me finir à la main.
Peu fertile à la comprenette, le batteur voit de l’agression là où il n’y avait que sarcasme. Il proteste :
— Tu t’apprêtes à jouer avec nous pour toute une croisière et tu commences par te foutre de notre gueule ? Elle est bien raide celle-là.
— Je sais, Smooth. C’est ce qu’elles me disent toutes.
Le vieux black jusqu’à présent muet finit par friser de la commissure. Puis il se marre carrément. Pour un peu, la rigolade pigmentée sombrerait dans l’iconographie cinématographique. Mais pas tout à fait. L’ancêtre accueille Abel d’un geste amical.
— Come on… Viens dans mon bras, fils.
Et Abel Diaz de déposer guitare et de rejoindre les bras grands ouverts. L’étreinte est chaleureuse. Le guitariste enchaîne par une poignée de main à Quichotte et son acolyte. Les visages se détendent. Comme les plus affûtés l’auront compris, les trois glandeurs de quai sont les musiciens avec qui va jouer notre guitariste préféré durant les jours à venir. Un duo de cotons-tiges donc, constituant ce qu’on appelle la « section rythmique », bassiste plus batteur, et un chanteur, noir et vieux, ancien guitariste lead reconverti rythmique par le manque d’entraînement, le ralenti des doigts et – ô étonnement – l’alcool.
Le bassiste grand dadais se nomme Karol Johnson. Patronyme à caractère étrange si l’on oublie ses origines. Mère polonaise, père australien, il s’est fait tout seul comme on dit. Mais manifestement, il s’est raté.
Une tête à se faire buter avant la fin du film. Né dans le quartier polonais de Sydney. Le Sydney polaque. Quiconque l’a croisé connaît son incroyable propension à se plaindre en permanence. D’où une réputation issue de la très…

Un grand merci à Sylvain Gillet pour avoir accepté de répondre à ce jeu de questions-réponses.
Propos recueillis par Jean-Louis RIGUET pour librebonimenteur.net.

© 3 novembre 2023 – Jean-Louis RIGUET, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres.

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Parution : L’Automne 1870 en Beauce – Des familles en souffranceDECOUVRIR ICI

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