Aujourd’hui je veux vous parler de ma ville natale, même si je sais que cela n’intéressera personne. C’est un village chargé d’histoire. Il n’y a pas si longtemps, j’ai participé à un salon du livre à Loudun, à moins de trente kilomètres de Mirebeau, et des souvenirs lointains me sont revenus.
Et j’ai eu l’occasion également de rencontrer un homme résidant à Mirebeau qui a subi les affres du Bataclan à Paris. Il en a fait un livre, Le livre qu’il ne voulait pas écrire, chez Quidam éditeur. Cet homme, c’est Erwan Larher. D’après ce que j’avais compris, à l’époque, il n’était pas originaire de Mirebeau, mais était arrivé plus tard, car il avait trouvé la ville belle, avec de beaux immeubles anciens et avait acquis une maison avec une tourelle.
Ce livre est un récit de survie. Présent au Bataclan le 13 novembre 2015, il a survécu à l’horreur. Cependant, il a pris une balle de Kalachnikov et se retrouva à l’hôpital. Malgré plusieurs sollicitations de la presse pour témoigner, il refusa que le drame jette une lumière artificielle sur ses livres, à cette date il avait déjà publié quatre livres. Deux chez Michalon et deux chez Plon. Mais il a fini par céder et a écrit le livre qu’il ne voulait pas écrire.
Depuis il continue l’écriture et a publié deux autres livres.


En dehors de la connaissance de ce confrère, je signale que j’ai vécu presque vingt ans à Mirebeau, dans le quartier du château. J’ai donc été voisin de chambrée avec Jeanne d’Arc, en tout bien tout honneur, et aussi Aliénor d’Aquitaine, peut-être un peu moins sage. Voilà pourquoi je devise sur cette bourgade aujourd’hui.
Mirebeau-en-Poitou
Mirebeau-en-Poitou, située dans le département de la Vienne, est une ville au riche passé historique, marquée par les rivalités entre les comtes d’Anjou et du Poitou, les conflits religieux et l’évolution du territoire sous l’Ancien Régime. Son histoire, intimement liée à celle de figures emblématiques comme Foulques Nerra, Aliénor d’Aquitaine ou encore Richelieu, témoigne de son importance stratégique au fil des siècles.
Aux origines de Mirebeau
Aux IXe et Xe siècles, la cité de Mirebeau, protégée par une enceinte et centrée autour de ses deux premières églises, Notre-Dame et Saint-Hilaire, relève du comte de Poitou. Cependant, à la fin du Xe siècle, la ville bascule sous la domination des comtes d’Anjou. Geoffroy Grisegonelle reçoit en fief Mirebeau et Loudun, et son fils, Foulques Nerra, y fait ériger un château fort sur motte, la célèbre “Cuve d’Anjou”, entre 987 et 1006. Ce château, construit sur un point stratégique entre Loudun et Poitiers, fait partie du réseau de fortifications destiné à asseoir l’autorité angevine.
Son fils, Geoffroy II d’Anjou, après sa victoire à Moncontour en 1033, fait prisonnier le duc d’Aquitaine, Guillaume VI, pendant cinq ans, et à partir de cette époque, Mirebeau devient une seigneurie angevine jusqu’en 1790.
Une place forte convoitée
Durant le XIIe siècle, Mirebeau est le théâtre de nombreux affrontements. En 1130, Geoffroy le Bel, comte d’Anjou, prend la forteresse à Thibaud de Blason, qui menait une révolte contre lui. En 1156, Henri II Plantagenêt s’empare de Mirebeau après avoir défait son frère Geoffroy. En 1190, Richard Cœur de Lion attribue la ville et son château à sa mère, Aliénor d’Aquitaine, qui décide d’étendre l’enceinte fortifiée vers le nord pour y inclure la motte castrale.
L’un des événements les plus marquants de l’histoire de Mirebeau se déroule en 1202. Arthur Ier de Bretagne, petit-fils d’Aliénor, assiège la ville où s’est réfugiée sa grand-mère, restée fidèle à son fils Jean sans Terre. Le 1er août 1202, Jean contre-attaque et capture Arthur, qui disparaîtra mystérieusement en 1203. En 1206, la ville passe sous l’autorité de Philippe Auguste, et en 1230, elle subit un nouveau siège, cette fois par Henri III d’Angleterre, sans succès.


De la Baronnie à la Révolution
Au XIVe siècle, Mirebeau devient une baronnie relevant de la sénéchaussée d’Angers. Elle comprend alors 114 fiefs. La ville voit la fondation d’un couvent de franciscaines en 1411, réorganisé en 1616. En 1429, Jeanne d’Arc y passe une nuit lors de son trajet vers Orléans.
Le château connaît d’importants travaux sous René d’Anjou en 1453, puis sous Louis XI en 1474. Au XVIe siècle, le château est un ensemble fortifié impressionnant, mais les guerres de Religion l’éprouvent durement. Mirebeau change plusieurs fois de mains entre catholiques et protestants.
En 1628, Richelieu acquiert la baronnie et l’unit à son duché-pairie en 1631. La ville commence alors à décliner au profit de la nouvelle ville de Richelieu. En 1636, le cardinal ordonne la destruction de la Cuve d’Anjou, dont les matériaux servent à la construction de sa ville.
Lors de la Révolution, Mirebeau est rattachée au département de la Vienne. La ville soutient activement les idées révolutionnaires et plante un arbre de la liberté. L’ancien château est transformé en prison puis en ferme.
Un marché aux bestiaux et un dicton célèbre
Mirebeau a longtemps été réputée pour son important marché aux bestiaux, connu dans toute la région. Ce marché, où se négociaient notamment de nombreux ânes, est à l’origine d’un dicton célèbre : « À Mirebeau, il passe plus d’ânes qu’il n’en reste ». Cette expression illustre l’animation du marché et l’attachement de la ville à cette activité commerciale florissante.

Mirebeau sous l’Occupation
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands y établissent un camp de prisonniers de l’armée d’Afrique, affectés aux travaux agricoles dans le canton. Progressivement, ces prisonniers sont renvoyés en Afrique, mais certains disparaissent dans des circonstances inconnues.
Un héritage historique vivant
Aujourd’hui, Mirebeau-en-Poitou conserve les traces de son passé prestigieux. Si le château a disparu, (les remparts subsistent sur une longueur assez importante) la ville garde son patrimoine médiéval, ses églises anciennes et l’histoire fascinante de ses seigneurs et de ses batailles. Une promenade à Mirebeau, c’est un voyage dans le temps, à la découverte d’un pan méconnu mais essentiel de l’histoire du Poitou et de l’Anjou.
Quand je vivais à Mirebeau, je n’avais pas idée de toute cette histoire, si riche, je ne l’ai compris qu’ensuite. Je me souviens que ma famille possédait un morceau de terrain de quelques mètres carrés avec une cave dans les anciennes douves du château. Cela ne me rajeunit pas.
Envie de découvrir ce joli village à travers les âges ?
Découvrez de nombreuses photos et illustrations de Mirebeau ici : https://www.mirebalais.net/2020/10/mirebeau-86110.html
© 27 février 2025 – Jean-Louis RIGUET, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, pour librebonimenteur.net
En savoir plus sur Jean-Louis Riguet Librebonimenteur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Add Comment