L’homme dans l’homme, de Pascal Nordmann

Vous, oui vous ! Que feriez-vous si vous étiez coincé dans le ventre d’un homme, lui-même enfermé dans l’œil d’une femme nue vivant dans le corps d’un musicien venant de l’ouest discutant longuement avec la mère de la mariée du jour ? Oui, que feriez-vous ?

L’homme dans l’homme, de Pascal Nordmann

EDITEUR : les Editions METROPOLIS, Genève, Collection Metro poche
ISBN : 978-2-88340-221-8
FORMAT : 10.8 x 17.5
SORTIE : octobre 2024
LANGUE : Français
PAGES : 100
Prix : 12 €
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Quatrième de couverture de L’homme dans l’homme

L’Homme dans l’homme part de l’hypothèse que ce que l’on croit être d’un seul tenant peut en réalité́ contenir des caves, des rez-de-chaussée, des soupentes. Autant d’étages inattendus qui font de L’homme dans l’homme une poupée russe vivante, une construction en oignon qui avance vers un épilogue aussi tragique qu’inéluctable. Finalement, là où la police ne retrouvera que deux corps, ce seront bien huit personnes au moins qui auront perdu la vie. Et encore ! Comment peut-on être certain de tout savoir ?

Ce que je pense de L’homme dans l’homme, de Pascal Nordmann

Surpris par le nombre de pages de ce roman (100), je l’ai été encore plus par ce récit surréaliste, dont la lecture est à différents étages, en raison de la construction avec des personnages gigognes, à l’image des poupées russes.

Il n’y a pas de nom de personnages, en tout cas peu, il faut suivre la narration pour comprendre qui s’exprime. Ainsi, il ne faut pas perdre le fil. Exemple : « un homme installé dans une femme nue, elle-même dans un homme qui venait de marier sa fille ». Il ne faut pas perdre celui dont l’auteur parle. Quand on a compris, on s’y fait et on continue la lecture.

Le récit commence avec deux hommes qui se croisent et dont quelque chose accroche l’autre, sans trop savoir de quoi il s’agit. « Le père de la mariée » et « le violoniste, un musicien venu de l’est », vont avoir une longue discussion qui va durer tout le livre et permettra d’assouvir leur curiosité. Ils feront connaissance. Durant les noces, le père de la mariée fait la rencontre d’un violoniste et prend la fuite avec lui. Pendant leur marche à travers différents paysages, la personnalité des deux hommes se déploie en poupées russes. Au fil de l’avancée, l’on prend connaissance d’autres personnages comme « la femme nue » et « Pasqualini, un petit homme rond, à demi chauve ». Ces deux personnes vivent à l’intérieur du père de la mariée et du violoniste. Cependant, chacun d’eux est aussi habité par quelqu’un d’autre, dans l’ignorance de la situation. Ils abritent chacun nombre de personnages rocambolesques qui semblent mener une vie à part entière à l’intérieur de leur hôte. Avec leur vie propre.

C’est un récit surréaliste avec des personnages gigognes qui suscite probablement une réflexion sur le libre arbitre et la connaissance limitée des choses. C’est déroutant, mais pour avancer on finit par s’y faire. Quelles parts de soi connaît-on réellement ? Traits de personnalité assumés ou refoulés, émotions tues ou affirmées. Qu’ignore-t-on de celui ou de ceux qui nous habitent ?

Certains passages sont vraiment bien écrits, même s’il y a beaucoup de répétitions. On peut y trouver de la poésie, de la beauté, une lecture poétique teintée d’absurde, de surréalisme. ; il faut faire attention à chaque pas afin de ne pas se perdre.

L’on peut constater la légèreté de l’écriture, son originalité, son surréalisme, sa fluidité.

Je ne connaissais pas Pascal Nordmann, mais le lire est une expérience littéraire. C’est un auteur inclassable autant qu’imprévisible ; il m’a embarqué dans un monde dans lequel raison et cohérence n’existent pas. Ses romans sont des monologues pour s’étourdir de ses mots et faire danser nos sens.

Alors, n’hésitez pas, tentez l’expérience, lisez ce livre, vous serez surpris comme je l’ai été moi-même.

L’auteur, Pascal Nordmann

Pascal Nordmann est écrivain, plasticien et homme de théâtre. Il a vécu entre la France, l’Allemagne et la Suisse, où il est installé aujourd’hui. En Allemagne il a fondé le « Chairos Theater », à l’origine d’un important festival de théâtre de rue.
Parallèlement à ses activités théâtrales, il mène une carrière artistique diversifiée. Littérature, écriture dramatique, poésie, arts plastiques et informatiques. Depuis trois ans, il publie un billet poétique consacré à l’actualité, le Fil info, (pascal-nordmann.com).
Il a reçu le Prix Révélation de la Biennale d’art de Cerveira (Portugal), le Prix du Concours international de monologues de l’Unesco et a été lauréat des Journées de Lyon des auteurs de théâtre.
Son art explore les frontières, faisant la part belle à un certain esprit surréaliste, à la poésie, à l’étrange et à l’humour.

© 23 avril 2025 – Jean-Louis RIGUET, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, pour librebonimenteur.net