Ce matin, au moment d’écrire cette chronique, la panne s’invite sur le clavier. Le manque d’inspiration me laisse pantois. Que vais-je bien pouvoir raconter ?
J’ai demandé à une artiste connue pour ses chansons, ses spectacles et la série dans laquelle elle joue. Comme elle est auteure, compositrice et interprète, je lui ai posé la question de savoir comment elle arrive à trouver les sujets et les mots de ses créations. Elle m’a répondu profiter d’un événement, d’une couleur, d’une chanson, d’une remarque. Si une idée germe à ce moment-là, elle travaille ce qu’elle a ressenti pour aligner des paroles sur de la musique, ou l’inverse.


Je ne travaille pas comme cela. Je chope une idée et ensuite je la travaille dans mon cerveau après avoir recueilli toutes les informations nécessaires pour ne pas raconter de bêtises. Lorsque tout est en ordre dans ma tête, souvent sans que je me rende compte, le texte sort et les doigts pianotent sur le clavier.
Mais, aujourd’hui, c’est la panne sèche. Rien ne vient, si ce n’est les quelques phrases ci-dessus. Cette chronique sera faite de blancs.
Du côté de Google et Larousse
Au bout de quelques minutes, pendant le blanc, j’ai demandé à Monsieur Google de me répondre à “panne inspiration”. Il n’a pas tardé : “Manque d’inspiration, peur de ne plus trouver la passion et la créativité qui nous pousse à créer des oeuvres sur quelques supports que ce soit, on passe tous par là.” Puis, j’ai voulu aller plus loin. Eh bien, j’ai eu une réponse intéressante dans un article “Le manque d’inspiration n’existe pas !” sur le site “L’Âme du fait-main pour une vie créative” https://www.lamedufaitmain.com/manque-inspiration/
En lisant plusieurs sites, je m’aperçois que tout cela n’existe pas. Il n’y a pas de syndrome de la page blanche, de la panne d’inspiration, du manque de créativité et d’imagination. Pourquoi ? Simplement, l’inspiration est toujours présente, mais elle a changé de direction. Aujourd’hui, elle ne s’exprime pas, mais demain elle reviendra. Donc, pas de panique à bord !



J’ai interrogé Monsieur Larousse qui m’a indiqué que l’inspiration est “l’enthousiasme, le souffle créateur qui anime l’écrivain, l’artiste, le chercheur : chercher l’inspiration”. Et, il a eu la gentillesse de me préciser aussi que l’inspiration c’est “la phase de la respiration pendant laquelle l’air atmosphérique, riche en oxygène, pénètre dans les poumons”. Alors, oxygénons-nous, sortons, marchons en forêt !
Par définition, un souffle, une phase, c’est irrégulier et périodique. C’est une grosse période d’activités d’où fusent de nouvelles idées dans tous les sens avec une envie de tout faire en même temps. Mais il y a beaucoup de déchets, peut-être la moitié. Alors, arrive le gros coup de fatigue qui engendre une sensation de vide.
Ce n’est pas forcément un moment de productivité puisque le foisonnement est trop important. D’ailleurs, on constate souvent que l’on se demande par où commencer. Alors, vient un temps où il faut creuser un projet qui chasse les autres idées qui ne seront pas réalisées.
Il est certain que nous ne pouvons pas être inspirés tout le temps, même si tout peut être source d’inspiration. Du plus petit bout de papier jusqu’à la vision d’un paysage grandiose. Il est nécessaire aussi de savoir écouter son inspiration, ce qui impose d’avoir du temps. Or, dans notre époque actuelle, nous courrons toujours après le temps. Mais il n’est pas indispensable d’être en méditation pendant des heures, il suffit de prendre quelques minutes pour faire le point sur ses envies du moment. Puis, on essaie de les rendre compatibles avec ses propres obligations. Cela repose sur une organisation réalisable qui permet de limiter les frustrations et de garder l’esprit plus ouvert.
Toute organisation irréalisable est vouée à l’échec. Il ne faut pas qu’elle soit trop intense, car elle va devenir éprouvante. Il est aussi possible de noter les idées nouvelles pour ne pas les oublier, à la suite de la découverte de nouvelles choses ou de nouvelles expériences. Point n’est besoin de les divulguer, cela fait partie de son jardin secret. Cela rend l’esprit plus libre et plus apte à développer l’inspiration.
Albert Einstein m’a dit : “Le secret de la créativité, c’est de savoir comment cacher ses sources”.
J’ai ainsi appris qu’il existe un processus créatif, que j’utilise sans jamais l’avoir appelé de cette manière. Il est présenté comme “un ensemble d’étapes qui aboutit à une production jugée créative, innovante ou inventive”.
Chacun a son processus créatif. Sa manifestation est différente selon l’individu. Pourtant, j’ai appris qu’il a été déterminé quatre étapes clefs par un certain Graham Wallas. Wikipédia m’a renseigné sur ce personnage : “Graham Wallas (1858-1932) est un universitaire britannique, professeur et théoricien en science politique et en relations internationales. Il est cofondateur et enseignant à la London School of Economics en 1895.” https://fr.wikipedia.org/wiki/Graham_Wallas

Crédit photo : Wikipédia
Les quatre phases du processus créatif selon Graham Wallas
Bref, Graham Wallas m’a écrit un modèle de ce processus à peu près comme cela, selon le site https://nospensees.fr/les-quatre-phases-du-processus-creatif-selon-graham-wallas/
Phase 1 : Préparation
C’est la première des quatre phases du processus créatif. Elle cherche à identifier un problème dans un contexte donné et comprend la compilation d’une grande partie des informations déjà disponibles. Elle requiert un effort conscient et volontaire de compréhension et d’analyse.
Il convient de préciser ici que le problème lui-même n’aurait parfois même pas pu être identifié comme un problème, ce qui implique une plus grande complexité et précision pour le spécifier. Dans d’autres cas, le problème peut être perçu davantage comme une difficulté, un défi ou une tâche. Dans tous les cas, l’essentiel es cette phase est de bien comprendre la situation et ses implications.
Phase 2 : Incubation
Cette étape du processus créatif se caractérise par une déconnexion du problème qui nous concerne pour une durée indéterminée. Cette période est essentielle pour que les idées qui nous aideront à résoudre le problème puissent émerger et qu’elle s’opère inconsciemment.
Les idées surgiront spontanément dans un rêve, en marchant, lors d’un voyage ou à tout moment. C’est parfois à ce stade que beaucoup abandonnent, arrêtant ainsi les phases du processus créatif, notamment du fait de ne pas savoir attendre.
Phase 3 : illumination
De toutes les phases du processus créatif, l’illumination est le moment où les idées commencent à prendre forme. Elle correspond au moment où se posent les alternatives au problème initial. Certains auteurs appellent ce moment « l’expérience eurêka ». C’est l’étape où l’idée se matérialise en quelque chose de concret.
Cela inclut également le moment de plus grande satisfaction personnelle, devenant une récompense pour l’investissement réalisé. Du fait également d’avoir pu trouver une solution sur un chemin que personne n’avait parcouru auparavant.
Phase 4 : Vérification
Lors de la phase de vérification, l’objectif est d’évaluer les résultats afin de corriger ou d’améliorer certains aspects du résultat final. Il est également vérifié si le processus créatif a réellement porté ses fruits et répond aux attentes.
Dans le cas contraire, il faudra revenir à la phase d’incubation et envisager de nouvelles options pour atteindre l’objectif. Il convient de noter ici que si certains aspects fondamentaux ne furent pas pris en compte dès le départ, il faudra tout recommencer. Dans la plupart des cas, cette phase implique également la socialisation des résultats.
Plus simplement, nous pouvons résumer, grosso modo, par :
Phase 1 : Préparation
Énoncer le problème, collecter les informations et analyser.
Phase 2 – Incubation
Cesser les activités en cours, le processus inconscient se réalise, surtout pendant le sommeil.
Phase 3 – Illumination
Mise en forme, matérialisation, concrétisation, d’une idée à un moment inattendu.
Phase 4 – Vérification
Confrontation de l’idée ou de la solution générée avec la réalité, puis réalisation de l’idée.
Un clin d’œil à Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir
Voilà, pour quelqu’un qui n’avait d’idées ce matin pour cette chronique, finalement a appris quelque chose qu’il utilise souvent sans le savoir, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Selon Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Bourgeois_gentilhomme)

Crédit photo Pixabay
“Le Bourgeois gentilhomme est une comédie-ballet de Molière, en trois puis cinq actes (comportant respectivement 2, 5, 16, 5 et 6 scènes)1 en prose (sauf les entrées de ballet qui sont en vers), représentée pour la première fois le 14 octobre 1670, devant la cour de Louis XIV, au château de Chambord par la troupe de Molière. La musique est de Jean-Baptiste Lully, les ballets de Pierre Beauchamp, les décors de Carlo Vigarani et les costumes turcs du chevalier d’Arvieux.
Dans cette pièce, Molière se moque d’un riche bourgeois qui veut imiter le comportement et le genre de vie des nobles. Ce spectacle est très apprécié par Louis XIV qui l’impose à ses courtisans plutôt hostiles.”
Avec précision que :
“Dans l’acte II, scène IV, Monsieur Jourdain apprend, au cours d’un échange avec son maître de philosophie, qu’il dit de la prose depuis longtemps, sans le savoir :
« Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela. »
Par extension, Monsieur Jourdain désigne quelqu’un pratiquant une activité sans même avoir connaissance de son existence.”
En conclusion, je suis content d’avoir pris connaissance de ce processus qui me permet de comprendre ma manière de fonctionner.
© 17 juin 2024 – Jean-Louis RIGUET, sociétaire de la Société des Gens de Lettres pour librebonimenteur.net.
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