Des mots pour vous

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JL à l’écoute de …

Aujourd’hui Juliette Di Cen

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1/ Qui êtes-vous   (VOS Prénom et NOM) ? Quel est votre parcours ?

Bonjour, j’ai pris le nom de plume de Juliette Di Cen, auteure de romances érotiques sous forme de novellas. Je suis titulaire d’un baccalauréat en lettres/langues et je publie en numérique depuis mars 2013. J’ai débuté par l’auto-édition, avant d’être recrutée par un éditeur pure-player. L’expérience a été intéressante, mais j’ai mis fin à notre collaboration pour revenir à mes premières amours.

 

2/ Que faisiez-vous avant d’écrire ou parallèlement à l’écriture ?

L’écriture étant d’abord un hobby (certes lucratif, mais insuffisant pour en vivre), je continue ma carrière dans l’armée de terre en tant que sous-officier. Je profite d’ailleurs de mes temps de pause méridienne pour écrire.

 

3/ Qu’aimez-vous ou pratiquez-vous comme autre art ? La peinture ? La sculpture ? Le cinéma ? La photographie ? Le théâtre ? Quelle est votre passion ?

Ouuuh, j’ai ma carte « moulti-pass » en art ! En pratique, je dessine depuis l’enfance, j’ai fait du théâtre dans ma prime jeunesse, j’ai tenté (et vite abandonné) la sculpture sur glaise. Mais mes passions sont le cinéma fantastique, la lecture évidemment et l’art pictural en général. En pure néophyte, seul le plaisir visuel ou émotif que j’en retire compte. Parmi mes artistes fétiches, on retrouve Mucha, Thomas Gainsborough, John Everett Millais, sans parler d’illustrateurs d’heroic fantasy comme Luis Royo ou Keith Parkinson.

 

4/ Qu’attendez-vous de vos lecteurs, admirateurs ? Comment vous faites-vous connaître ? Comment allez-vous à leur rencontre ?

Difficile question ! Ce que j’attends de mes lecteurs ? En toute honnêteté, qu’ils me lisent et continuent à me faire confiance, qu’ils soient assez ouverts pour me suivre dans mes délires et bifurcations, lol !

Je me suis fait connaître par le bouche-à-oreille, mais aussi grâce aux blogs spécialisés dans la lecture dite « de genre » très actifs sur internet. En raison d’une profession « à risque », je reste dans l’anonymat que m’offre mon nom de plume, donc j’exclue pour l’instant les rencontres en face-à-face. En revanche, très présente sur les réseaux sociaux, je suis accessible à tous, sur ma page facebook « Juliette Di Cen », sur Goodreads ou Booknode. J’ai un côté Gollum avec mes précieux, pardon, mes lectures, sur ces deux derniers sites, du coup, je répertorie et thésaurise dans les bibliothèques virtuelles de mes profils.

 

5/ Faites-vous des rencontres, des lectures ou des conférences sur vos ouvrages ?

Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je sais que cela intéresserait certains blogs, j’avoue qu’une rencontre avec ces adeptes de la lecture comme moi serait un vrai bonheur. Il est probable que je saute le pas en petit comité, peu à peu. J’ai toujours cette crainte de ne pas me montrer assez intéressante pour animer une conférence, mais c’est une réticence purement personnelle que j’apprends à combattre. Ce qui ne m’empêche pas d’être une vraie pipelette, comme vous pouvez le constater !

 

6/ Depuis quand écrivez-vous ? Qu’avez-vous déjà écrit ?

Si je remonte à la première fois, je dirais le collège. J’ai écrit de grosses nouvelles fantastiques communiquées à ma prof de français à l’époque. J’étais à fond !!! Puis la vie s’est chargée de me faire oublier cette passion pour d’autres activités (sports, études et garçons, eeeeh oui !).

En vérité, j’ai repris l’écriture fin 2012, des novellas érotiques situées en milieu militaire, et du dark erotica (thriller et fantastique), toujours en format court. J’en suis actuellement à une dizaine de titres publiés, dont 6 pour ma série de romances intitulée « Cœur d’homme, âme de soldat ». On trouve des titres aussi divers que « L’homme enragé », « Apprivoise-moi » ou « Derrière tous nos masques ». J’utilise un deuxième pseudo, Mel Laregue pour écrire dans un style plus sombre avec la série « Kill the Garce », c’est moins mainstream pour le public qui me suit. Je viens de sortir la version papier de ma série militaire sous la forme d’un recueil de 560 pages, disponible sur Amazon. Une nouvelle étape franchie.

 

7/ Quel est votre dernier livre ? Pouvez-vous nous en parler ?

Le tout dernier sorti, en dehors du recueil, remonte à 2014, il s’agit d’« Au commencement, je t’ai aimé » qui clôt ma série militaire. Sur la demande insistante de mon fidèle lectorat, j’ai pris cette fois pour cibles des personnages qui avaient vocation à rester figurants. Cela a donc été plus compliqué de leur construire une identité et une histoire.

Et j’ai un roman en cours d’écriture, un projet qui me trotte dans la tête. J’ai envie de m’amuser en explosant les codes d’un genre assez rigide, la romance historique. Pour cela, je vais mélanger plusieurs catégories de la littérature sentimentale et de genre ; la romance historique donc, le fantastique et le ménage à trois.

 

8/ Où peut-on se procurer vos ouvrages ?

Mes ebooks sont disponibles en format kindle sur les sites d’Amazon et en epub sur Kobo et La Fnac.

Le recueil « Cœur d’homme, âme de soldat » est disponible sur Amazon, via ce qu’on appelle le book-on-demand, une véritable révolution pour les auto-édités. Cela ne change rien pour le lecteur qui commande son livre sur le site comme un ouvrage normal et qui se le fait expédier tout aussi classiquement.

 

9/ Quelle est votre position par rapport aux publications à compte d’éditeur, à compte d’auteur ou à compte participatif ? Aux e-book ?

Étant auteure d’ebooks au départ, je trouve le système de distribution génial pour les auto-édités qui peuvent agir en direct sur leur production. Bien-sûr, cela implique une prise de risque énorme et une solitude dans le processus créatif. Mais la satisfaction est immense quand le résultat est réussi.

Je serais évidemment ravie d’être recrutée par une maison d’édition traditionnelle à grand tirage qui étendrait mon lectorat. En revanche, mon expérience avec un éditeur numérique, si elle a été formatrice, m’a prouvé que ce n’était pas une fin en soi, et qu’un auto-édité avait les moyens techniques suffisants pour créer et publier par lui-même. Les plus grandes plates-formes de ventes étant celles qui proposent à visibilité égale les publications numériques à compte d’éditeur ou d’auteur…

 

10/ Quel est le conseil le plus important que-vous-ayez reçu ? Pas forcément pour les livres ?

Je cherche, je cherche… Pas vraiment de conseil, ou plutôt un ensemble de pistes pour tracer son chemin le plus efficacement possible : ne jamais négliger l’importance des dialogues qui rendent un texte vivant, travailler ses textes (documentation, correction, vocabulaire), mais surtout, écrire pour son plaisir sans avoir peur de déplaire afin de communiquer le manuscrit le plus sincère possible.

Se plier à des diktats est le meilleur moyen de vivre l’expérience comme une souffrance. Et c’est valable pour bien des sujets.

 

11/ Que préférez-vous écrire ou lire : des romans, des poésies, des essais, des nouvelles, des biographies ?

En tant que lectrice, je ne suis touchée ni par la poésie (une indécrottable terre-à-terre), ni par les biographies. Je lis des romans, surtout de la romance et du fantastique, mais aussi des nouvelles. Avec la pratique, je me suis rendu compte préférer lire les nouvelles sur liseuse électronique, car elles ont une vocation de lecture express, et les romans en papier. Mais je ne rejette aucun mode de lecture, ce qui compte au final, c’est le contenu, non ?

En tant qu’auteure, je suis pour l’instant plus à l’aise dans l’écriture de novellas (à la différence d’une nouvelle, la novella propose une histoire complète et aboutie en plus de mots), je me sens plus à l’aise avec ce format qui m’évite le remplissage et les passages ennuyeux. C’est aussi une excellente école pour gagner en efficacité. En quelques paragraphes, il faut être en mesure de communiquer des émotions, proposer des personnages denses et une histoire cohérente.

 

12/ Comment écrivez-vous ?

Sans technique, de façon désorganisée, au feeling. Du grand n’importe quoi, un vrai cauchemar pour un prof de littérature ou un adepte de la méthodologie…

J’ai mes idées principales, et j’écris les scènes les plus motivantes en priorité. Puis je lie le tout par des chapitres de transition.

Pour le roman, je suis devenue un chouilla plus méthodique (on peut rêver !). J’effectue des recherches, j’apprends. J’ai jeté mes idées principales et mes personnages en un semblant de plan pour éviter de me perdre et structurer mon récit.

J’écris mieux avec une pression de type horaire à respecter qui « m’oblige » d’une certaine façon (d’où la pause méridienne durant mes jours de service). Je suis trop dilettante et dispersée pour écrire pendant mes vacances et mes week-ends, ce qui fait de moi un auteur à très mauvais rendement.

 

13/ Où puisez-vous votre inspiration ? Avez-vous eu des commandes d’ouvrages ?

J’ai effectivement rédigé un ouvrage de commande, qui s’est avéré le tome le plus faible de ma série. Je collaborais encore avec l’éditeur numérique, et après avoir vendu les droits de « L’homme enragé », je devais proposer un nouveau titre. L’espèce d’obligation morale au-dessus de la tête m’a fait partir en cacahuète et a accéléré la séparation à l’amiable. Donc plus jamais d’ouvrage de commande, ce n’est pas fait pour moi. En septembre dernier, j’ai participé à un appel à texte pour un recueil érotique qui n’a pas été retenu. Mais avec l’auto-édition, un texte n’est jamais perdu, du coup, j’ai sorti ma nouvelle en numérique « Promesse sensuelle » qui a très bien fonctionné.

Mon inspiration peut provenir d’un homme (collègue, acteur, sportif, personnage de film), d’une photo, d’une scène de mon quotidien, d’un fantasme, d’un rêve même !

 

14/ Comment construisez-vous vos intrigues, vos personnages ? Vos personnages sont-ils toujours imaginaires ?

J’essaie de construire mes intrigues de façon classique, avec une exposition, un développement et une conclusion. Dans la romance contemporaine, je tiens à rester proche d’une certaine vérité. Je n’adhère pas aux inventions type milliardaire/étudiante, en tant qu’auteure en tout cas. Raison pour laquelle on apprécie souvent l’aspect humain de mes histoires, des romances qui pourraient arriver à soi-même ou à ses copines. Mes personnages masculins sont à ce titre souvent (mais pas toujours) des décalcomanies physiques et parfois de caractère de mes collègues. Ma chance est de travailler dans un milieu où j’ai de la matière virile à étudier !!! Les personnages féminins sont tout simplement issus des différentes facettes de ma personnalité. De là à me traiter de schizophrène, je ne peux pas nier…

Mon défi consiste à rendre chaque personnage, qu’il soit imaginaire ou inspiré d’une personne, tangible et émotionnellement vivant. Je ne suis pas contre les clichés, s’ils servent de base à un personnage plus approfondi et moins « facile ».

 

15/ Quel conseil donneriez-vous aux amateurs d’écriture ?

Je suis extrêmement exigeante envers moi-même et envers les auteurs que je lis. J’inciterais donc les amateurs qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure à travailler leurs textes.

Rien de pire de se prétendre auteur en proposant un manuscrit bourré de fautes, à la trame incohérente, aux personnages survolés. C’est un reproche que je formule envers de nombreux « auteurs » édités ou auto-édités. Aujourd’hui, n’importe qui s’improvise auteur. De petites maisons d’édition en recrutent, sans discernement ni travail réel pour produire un manuscrit impeccable.

Comme il s’agit d’une question de rigueur personnelle, je crains que ce ne soit pas la priorité de tous les auteurs qui se lancent. Nous vivons dans une époque de célébrité en carton, qui se construit sur du buzz, par sur de la qualité. On retrouve ce triste schéma dans le milieu littéraire dit « populaire », dont je fais partie.

 

16/ Quels sont vos auteurs préférés ?

Sans hésitation, Dean R. Koontz, Kresley Cole et Judith McNaught. Ce sont des auteurs que j’achète les yeux fermés.

À côté de cela, j’ai des œuvres fétiches, mais je n’aime pas tous les livres de leurs auteurs. Par exemple, je suis raide dingue de Ça (Stephen King), des Harry Potter ou du Seigneur des anneaux. Aucun classique, impossible de jouer les intellos sur ce coup-là ! J’en ai lu un certain nombre par obligation scolaire, par curiosité aussi, mais ils ne sont tout simplement pas à mon goût.

 

17/ Que lisez-vous en ce moment ?

Actuellement, je suis sur deux lectures ; le tome 3 de Charley Davidson de Darynda Jones et le tome 2 des Errants de Denis Labbé. Du fantastique : l’un bit-lit, l’autre horrifique.

 

18/ Travaillez-vous sur de nouveaux projets ?

Absolument (ça, c’est pour rassurer mes copines !), je suis en plein dans l’écriture de mon premier roman. Le reproche principal formulé à l’encontre de mes textes était la brièveté (relative, entre 60 et 120 pages, quand même !) de mes histoires. Je vais donc y remédier.

Je me lance dans un genre que je lis beaucoup en ce moment : la romance historique. Cela implique beaucoup de recherches afin d’éviter les anachronismes et surtout les erreurs historiques. On a tendance à mépriser la romance dans le milieu littéraire, mais on imagine peu le travail que cela requiert. Je n’en admire que plus les auteures qui en sont les reines !

J’ai aussi des projets de formats courts, ce que j’appelle mes petites détentes, qui me permettent plus prosaïquement de conserver une certaine visibilité vis-à-vis des lecteurs.

 

19/ Avez-vous des dates d’événements à venir ?

Au mois d’avril 2015, j’espère bien sortir le troisième et dernier épisode de « Kill the Garce » sous Mel Laregue.

Le roman quant à lui sortira en 2016, afin de proposer un nombre de pages conséquent. J’arrête la précipitation et apprends le travail en profondeur, il était temps que je mûrisse sur ce point-là ! Pour le reste, je crains que la cause ne soit définitivement perdue !

 

20/ Où peut-on suivre vos actualités ? Vos parutions ?

Je donne toutes les informations sur mes parutions directement sur ma page facebook dont voici le lien :

https://www.facebook.com/pages/Juliette-Di-Cen/344178979021770

Et on peut trouver mes ebooks sur Amazon (ainsi que le recueil), Kobo et la Fnac.

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Le 11 mars 2015.

Juliette Di Cen

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“Derrière tous nos masques”, par Juliette Di Cen

 

Aaaah, ça, pour être défoncée, je suis défoncée !

Prête à concurrencer Amy Winehouse en plein concert. Carrément morbide.

L’infirmier qui m’a prise en charge dès mon arrivée dans cette anti-chambre de l’Enfer vient me chercher.

Il était temps ! J’en pouvais plus de rouler des yeux, à moitié stone. Il m’a plantée au milieu du troupeau de débiles, qui arpente la grande salle commune comme la bande de zombies d’un film de Romero.

Je le sais que je suis dingue. Putain. Ça fait des années que je tue des gens, de « braves citoyens » m’ont-ils accusée lors d’un procès expédié. J’ai plaidé coupable. Que ce soit des monstres ou des humains, j’ai tué. Un mort reste un mort.

Le verdict est tombé : internement. « Le sujet est atteint d’une forme grave de schizophrénie paranoïde à caractère délirant. Son passif familial pourrait expliquer une partie de son comportement. Contrairement aux cas classiques faisant état d’actes auto-agressifs, le sujet présente des symptômes psychopathes avérés le rendant dangereux et asocial. Problème rencontré : il semble conscient de ses difficultés d’adaptation, en accepte le diagnostique médical, mais ne parvient pas à surmonter ses bouffées psychotiques pour réintégrer la réalité. Le sujet se montre donc inadapté à la vie en société ou à la vie carcérale classique ».

Oui, j’ai toujours aimé les cocktails corsés. J’ignorais qu’on pouvait cumuler autant de pathologies. À priori, le corps médical aussi ! Ça me navre. Avoir conscience qu’on est dingo et malgré tout, voir ses hallucinations perdurer, c’est le pire. Des monstres, je continue à en croiser. Même ici. Ils n’ont rien d’agressif. Sûrement aussi chargés que moi, ceci dit. Peut-être que si on évitait de tous nous bourrer de médoc, la lutte reprendrait.

Non, je suis bien cinglée, je vois des créatures partout, sauf qu’elles ne savent pas qu’elles en sont. Ce ne sont que de pauvres malades atteints de diverses maladies mentales. Bizarre d’ailleurs qu’ils aient laissé une tarée dans mon genre en contact direct avec des victimes potentielles. N’ont-ils donc pas lu les minutes du procès et le compte-rendu des experts psychiatriques ?

« Aurore Braner est un élément extrêmement dangereux, dont le délire fortement ancré dans une réalité alternative nécessite un isolement rigoureux d’une durée initiale de six mois, renouvelable en fonction du comportement de l’individu (l’individu, c’est moi) ».

En y repensant, je sais qu’ils ont raison. Mes délires psychotiques reposent sur une déformation de la réalité, de simples hallucinations. Les victimes que j’ai pu sauver, enfin, celles encore vivantes, n’ont vu en leurs agresseurs que des hommes, des monstres à cent pour cent humains. Et aucune n’a fait le déplacement jusqu’au procès pour témoigner du calvaire dont je l’avais tirée. À croire que j’ai inventé cette partie-là, aussi. En tout cas, je me suis bien fait attaquer ! Lorsqu’ils m’ont amenée à l’hosto, j’étais bonne à démonter et à repeindre.

Quant à David… ce démon imaginaire que je poursuis comme une chimère depuis si longtemps. Pas plus mal d’en être consciente. Ça m’évite de sauter à la gorge de tous les David que je croise maintenant. En plus, je crois le voir dix fois par jour. N’importe quoi. Mon état s’aggrave, mais je tiens bon. Sans parler des loups-garous, vampires et autres métamorphes. Enfin, eux, tant qu’ils ne me bavent pas dessus, je ne leur planterai plus jamais de crayon dans l’œil, c’est promis. Je changerai juste de trottoir. Ou de salle commune.

Randle McMurphy (pas terrible comme nom pour un infirmier ; ça sonne ricain, mais à moi, bizarrement, c’est super familier) donc Randle attrape les poignées du fauteuil roulant sur lequel je suis solidement attachée, et m’entraîne dans un méandre de couloirs puant l’eau de javel et l’éther. Je n’en peux plus de cette odeur d’hôpital ! Je suis une chasseuse, sortez-moi de là ! Nous croisons d’autres zombies les yeux dans le vague, le geste lent, le cerveau en bouilli.

Je ricane. Enfin. Je bloblote un ricanement. Mouais, je suis sensiblement dans le même état qu’eux. Sombres vont être les prochains mois.

— Tu verras, Aurore, les patients sont doux comme des agneaux, ils ne mordent que si tu t’approches trop près. Et le directeur, monsieur Field, est un homme charmant qui devrait adorer farfouiller ton petit cerveau de psychopathe.

Ah ah. Quel humour.

J’en ris tellement intérieurement que j’ai l’impression d’en avoir la mâchoire qui tombe. Si ce crétin m’en laisse un jour l’occasion, je lui arrache un bout d’oreille. C’est pour ma collection personnelle. Avec sa voix de crécelle dans ce corps de montagne moldave, il a tout pour me plaire. Il est très printanier ce con, quand je l’écoute, j’ai envie de bouffer des pâquerettes en le chargeant comme une chèvre.

L’infirmier stoppe mon char d’assaut devant une porte capitonnée en cuir blanc cassé. Hum, salissant. Décidément mes pensées sont en roue libre. Il appuie sur une sonnette que je n’avais pas remarquée. La porte s’ouvre automatiquement. À bien y regarder, ce n’est pas une vraie sonnette, c’est un lecteur d’empreintes. La classe ! J’ai atterri dans le mouroir de James Bond !

 

 

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“Le Coach”, par Mel Laregue.

 

Ça fait quelques jours que son manège m’intrigue. Habituellement, mon radar est toujours déficient. C’est pourquoi j’ai mis si longtemps à remarquer certains détails. Quand je me compare aux autres nanas qui fréquentent l’endroit, on voit bien que rien ne me prédispose à entrer dans ses critères de sélection. Après tout, ce n’est pas la bombe en petite tenue qui manque, ici.

Lorsque je pénètre dans le hall, il est de nouveau là, devisant gaiement avec le gars qui vend les tickets. Je les salue, paye ma séance et récupère la clé du vestiaire. C’est lui qui me la tend. Il ne la relâche pas immédiatement, m’obligeant à relever les yeux vers lui. Sourire en coin craquant, le doute s’installe. J’ai peut-être une touche, en plus de mon ticket. Amusant.

— À tout à l’heure.

Sa voix a une belle gravité, profonde et masculine. Elle s’adresse directement à une partie très intime de mon anatomie. Celle qui ne sert pas beaucoup en ce moment…

Pas de chance, mon corps réagit vivement au stimulus ; je rougis comme une collégienne et bafouille un merci avant de me précipiter vers les vestiaires. En apparence, je suis dotée d’une belle assurance. J’avance tête haute, avec cette pointe d’arrogance qui permet de mieux cacher ma timidité naturelle.

Ce matin, ce charmant jeune homme vient de foutre à la corbeille cinq ans de confiance en soi durement acquise. Décidément, l’abstinence chez moi relève du problème métaphysique. Il ne manquerait plus que ça reconstitue mon hymen !

L’odeur de chlore me fait redescendre sur terre. Il n’y a pas un bruit, seul le frottement des vêtements que j’ôte résonne dans l’immense pièce. J’adore ce moment où on a l’impression d’être la seule debout. Cela fait des mois que je me rends à la piscine chaque mercredi matin aux aurores. Une excellente mise en condition avant d’attaquer le boulot.

Lui a intégré le poste il y a trois mois. Environ vingt-cinq ans, grand et bien bâti, mâchoire carrée et cheveux bruns, avec ce petit sourire qui fait tomber mon cœur au niveau de mon entrejambe. Un magnifique morceau de choix un peu plus jeune que moi qui approche des vingt-huit ans.

Tout à coup, je me sens vieille et sans attrait. Malgré ma belle assurance, aucun homme ne s’est manifesté depuis des siècles. J’interprète sûrement faussement son petit côté séducteur comme une marque d’intérêt. Après tout, il sert bien son numéro à toutes les femmes qui viennent ici. De 7 à 77 ans comme dirait la pub. J’ai besoin de sexe. J’ai besoin de tendresse. Je débloque, ça me rend encore plus conne. Fichu célibat !

Évidemment, je suis loin d’être la seule à l’avoir repéré. Le nombre d’écervelées paradant en itsi bitsi bikini ne cesse de s’accroître. J’ai de la chance, elles ne sont pas gênantes quoi qu’un peu bruyantes. La plupart se contentant de s’accrocher aux bords du bassin, évitant de s’aventurer là où elles n’ont pas pied.

J’ai repris contenance après un rapide passage sous la douche, et me dirige d’un pas plus posé vers le petit local abritant le matériel de natation. Devant la porte ouverte du bureau des maîtres-nageurs, ma respiration se bloque. Nonchalamment appuyé contre l’encadrement, il me reluque ouvertement. Je suis sûre que son regard se focalise sur mon cul. J’en accentue discrètement le balancement, et sens mon cœur tressauter en l’entendant expirer un peu plus fort dans mon dos. Le flirt est une religion que je prends très au sérieux. Même si personne ne veut jouer avec moi ! J’écarte rarement les cuisses, mais séduire est un passe-temps hautement addictif.

Parfois, je voudrais être plus simple, entrer dans une case bien définie. Parce que passer pour une nonne en talons, ça finit par avoir ses limites. Tout chez moi relève du paradoxe ; mentalement, je suis resté bloquée à l’adolescence, pourtant j’agis avec le pragmatisme de la femme à qui on ne la raconte plus. Je voudrais vivre une belle histoire d’amour, or dès qu’un homme s’approche, je fais ma princesse au petit pois dédaigneuse.

Une planche en mousse dans la main, je jette un coup d’œil vers les pull buoy avant d’y renoncer. Ma motivation prend un chemin assez mou ce matin. Un petit claquement annonce l’arrivée d’une autre personne. Ô surprise, c’est lui. Mon cœur fait un nouveau petit bond. On dirait celui d’une gamine effarouchée.

— Besoin d’aide ?

— Non. Merci, j’ai trouvé ce qu’il me fallait, fais-je en agitant la planche dans les airs.

— Et d’un coach ?

— D’un coach ?

— Vous nagez bien, mais il y a quelques imperfections dans votre technique. Si vous voulez un coup de main…

Toi en tout cas, tu aimerais bien un coup de langue…

J’évite de traduire tout haut ma pensée. Elle est vraiment très incorrecte. Machinalement, mes yeux s’attardent sur mon interlocuteur. C’est alors que je remarque la bosse qui commence à se former dans son caleçon de bain. Elle devient bien vite immanquable. C’est qu’il est très en forme, en plus ! Je rougis de plus belle, un vrai lampion de resto chinois.

Malgré la pénombre de la pièce, il ne manque rien de la direction prise par mon regard, mais a quand même la décence de paraître gêné. Ça ne l’empêche pas de prendre tout son temps. Sa main se pose sur la protubérance et remonte lentement jusqu’à l’élastique de son maillot. Là, je déglutis sévèrement et tousse. Mince, où est passée ma salive ?

Bien-sûr, je pourrais partir, le gifler ou l’engueuler. Je ne suis pas une fille facile. Mais quelque chose me retient. Peut-être de découvrir que je suis aussi à son goût. Ce n’est pas tous les jours qu’un fantasme sur pattes me fait du rentre-dedans. Jusqu’à présent, il s’est toujours montré réservé, poli. Peut-être même timide, s’exprimant toujours à voix basse, comme s’il craignait que je parte en hurlant. Ce qui pourrait tout de même arriver s’il me beuglait « nage plus vite, ma grosse, sinon je lâche les requins ! ». Oui, je fais partie des générations qui ont flippé sous la douche après avoir vu les dents de la mer.

J’attends de voir ce qu’il va oser faire. Il se contente de sortir le bas de son tee-shirt floqué du sigle des maîtres-nageurs pour dissimuler la belle érection que je lorgne sans vergogne. Membré le garçon ! Question à creuser rapidement !!!

Légèrement haletante, je m’avance en faisant mine de me diriger vers lui, mais dévie ma route au dernier moment, effleurant accidentellement de mes doigts la bosse prometteuse.

— Hum. Si j’ai besoin de votre aide, je n’hésiterai pas.

Son petit rire ravi accompagne ma sortie plus ou moins triomphale.

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a young and fit male model posing his muscles

 

young black hair woman beauty portrait, studio shot

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Je remercie sincèrement Juliette Di Cen  d’avoir eu l’amitié de se livrer à ce jeu des questions-réponses.

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Auteur, si vous aussi, vous êtes intéressé par mon écoute et la publication sur ce blog, merci de vous manifester par e-mail soit directement sur le site soit à l’adresse suivante : jlriguet@gmail.com.

La publication sur le site sera ponctuelle au gré des réceptions des questionnaires.

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Pour se manifester si vous êtes intéressé par le questionnaire :

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Tout sur mes livres :

https://sites.google.com/site/sitejeanlouisriguetauteur/home

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Jean-Louis RIGUET 13 mars 2015

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Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, Membre du Bottin International des Professionnels du Livre et de la Maison de l’Ecrivain et de la Littérature

Liens :

http://librebonimenteur.net/

https://sites.google.com/site/sitejeanlouisriguetauteur/home

http://jeanlouisriguetecriveur.blogspot.fr/

http://riguet-jean-louis.e-monsite.com/

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Parution : L’Automne 1870 en Beauce – Des familles en souffranceDECOUVRIR ICI

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