Je n’ai pas cherché bien loin pour avoir quelques notions sur le plagiat en littérature. Je me suis adressé à Wikipédia, dans son article Plagiat, que je vais plagier sans vergogne. Mais est-ce un plagiat dans la mesure où je cite ma source ? Je pose la question.

La définition de Wikipédia pour le mot plagiat

« Le plagiat est une faute d’ordre moral, civil ou commercial, qui peut être sanctionnée au pénal. Elle consiste à copier un auteur, ou accaparer l’œuvre d’un créateur dans le domaine des arts, sans le citer ou le dire, ainsi qu’à fortement s’inspirer d’un modèle que l’omet, délibérément ou par négligence, de désigner. Il est souvent assimilé à un vol immatériel. Certains opèrent une distinction entre le plagiat, emprunt grossier, et le « démarquage », où le texte subit des modifications variées pour brouiller les pistes.
Le « plagiaire » est celui qui s’approprie indûment ou frauduleusement tout ou partie d’une œuvre littéraire, technique ou artistique (et certains étendent ceci – par extension – à un style, des idées, ou des faits). Le plagiat diffère de l’art du pastiche, qui consiste à imiter ou à calquer les codes ou les figures d’expression d’un auteur, dans un but d’ironie, d’humour ou de dérision.
»

L’origine du mot « plagiat » et son évolution au fil des siècles

J’ai découvert à la lecture de cet article que le mot plagiaire est attesté depuis 1484, selon le dictionnaire étymologique de Dubois et Dauzat : « le plagiaire n’est qu’un faussaire qui se contente de recopier les autres artistes, hommes de l’art ou de science, de voler les bons auteurs, contributeurs ou hommes de spécialités, tant leurs livres, leurs manuscrits, leurs études, rapports, bref d’accaparer sans vergogne le fruit de leurs recherches et de leurs longues applications à fabriquer et étudier. Il s’agit de quelqu’un qui s’approprie le labeur d’autrui tout en cherchant à se faire passer pour le créateur ou l’auteur véritable et à essayer d’en capter honneurs et succès ».

Mais le mot « plagiat » n’est présent en français que depuis 1697 et s’applique au monde des Belles-lettres, alors que le verbe « plagier » n’est cité qu’à partir de 1801.
Pourtant, le principe est beaucoup plus ancien. Déjà, le mot latin masculin « pla gi arius, ii » (excusez, il manque les accents cabalistiques), qui provient du verbe « plagiare », veut dire « voler un homme », selon le Gaffiot à l‘époque de Cicéron. C’est une activité criminelle qui commence avec le commerce des esclaves.
Cependant, il faut aussi constater que pendant le premier siècle de notre ère, le poète satirique Martial se plaint que ses épigrammes ont été appropriées par un autre comme une servitude pénible en déclarant « tu ramèneras le plagiaire à la pudeur », bien que le plagiat soit considéré à ce moment comme un jeu d’école. D’ailleurs, Sénèque n’hésite pas à engager les auteurs à « digérer » leurs prédécesseurs.

A une autre époque, au Moyen-Âge, les trouvères et les troubadours se copient sans arrêt, car la tradition orale est plus importante que la tradition écrite dont les œuvres ne sont pas signées. Et les appropriations de textes ne s’arrêtent pas avec l’imprimerie, puisque les copistes font commerce des écrits qu’ils copient pour leur propre compte. Même à la Renaissance, les manuscrits grecs et romains sont copiés avec la diffusion du livre dans les librairies.
Avec le temps, tout s’organise avec de nombreuses controverses, et même la création d’une école de plagianisme par un certain Richesource, selon Antoine Gachet.
Au XVIIIe siècle, la conception moderne du droit d’auteur évolue, ce qui est normal, et le plagiat devient juridiquement et logiquement distinct de la contrefaçon.
Mais la copie à titre humoristique, comme le pastiche, est en France exclue de la loi sur la propriété intellectuelle.

Le plagiat et son interprétation

En droit français, le mot « plagiat » est inconnu. Le terme légal est « contrefaçon » qui est définie comme « toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi ».
En d’autres termes, cela veut dire qu’une œuvre ne peut pas être utilisée sans autorisation de l’auteur ou ses ayants droit. Et une œuvre, c’est toute création originale, pas uniquement les œuvres d’art.
Là où la difficulté commence, c’est comment définir la limite entre la contrefaçon et la simple inspiration ou l’hommage. Heureusement, il existe des limites, notamment le droit de citation, qui permet de reproduire un court extrait d’une œuvre sans autorisation de l’auteur, à condition que ce dernier soit crédité.
Attention, cette exception n’est pas généralisable. Citer l’auteur original n’est pas toujours suffisant pour échapper à l’accusation de contrefaçon. Pourquoi ? Parce qu’il serait impossible de faire respecter en pratique les droits de propriété intellectuelle.
Parmi la jungle des limites, citons :

  • Le cas des personnalités qui prononcent des discours écrits par d’autres, ou le cas des « nègres littéraires ou autres porte-plume » ;
  • Certaines formes de contrefaçons comiques pour des jeux ou exercices littéraires, artistiques ou humoristiques ;
  • Certains plagiats involontaires ou inconscients, mais ils sont en général peu différentiables des vrais plagiats ;
  • Cas de reprises de travaux personnels antérieurement édités sous un pseudonyme ou anonymement.
  • Etc.

Je ne m’étendrai pas sur la notion de « plagiat par anticipation » dont je n’avais jamais entendu parler.

Les domaines du plagiat

On trouve le plagiat dans beaucoup de domaines : dans les sciences, la fiction, la musique, l’éducation.
Dans la fiction, citons le roman Mourir à Francfort de Hubert Monteilhet qui met en scène un écrivain amer plagiant une partie de l’œuvre immense de l’abbé Prévost, dans le but de ridiculiser son éditeur, et ce, malgré le fait qu’elle soit peu connue.

Les logiciels détectent le plagiat

Depuis une période récente, il existe des logiciels qui permettent de détecter automatiquement le plagiat et la réutilisation. Mais, ils ne sont pas parfaits et seul un homme peut finalement décider.
J’ai testé : https://plagiarismdetector.net/fr
Ce logiciel gratuit m’a indiqué finalement qu’environ 20 % de plagiat correspondant aux citations volontaires du texte de Wikipédia.
Mais je vous en indique un autre : https://www.editpad.org/tool/fr/plagiarism-checker
Je l’ai testé aussi. Il est plus sympa avec moi, car il ne me révèle pas de plagiat en dehors de ce que j’ai cité volontairement.

Il y a même des logiciels qui proposent des réécritures pour tenter d’échapper au plagiat.
https://rewriteguru.com/fr/ ou encore https://smodin.io/fr/reformuler-automatiquement-le-texte-en-francais-gratuitement
Je n’ai testé ni l’un ni l’autre en réécriture. En plagiat, ils révèlent la même chose que les deux autres logiciels.

Quelques affaires de plagiat

Certains grands auteurs ont fait des « emprunts » assumés, avec des clins d’œil aux lecteurs ayant reconnu la prose de leur auteur, comme Montaigne plagiant Plutarque et Molière plagiant Plaute. Même La Fontaine n’a pas hésité à expliquer dans la préface de ses Fables qu’il s’est inspiré des fables créées par Ésope pour les tourner à sa façon.
Plus récemment, en littérature, nombre d’affaires se sont réglées au tribunal. Ainsi, en est-il de Henri Troyat et des éditions Flammarion condamnés en 2003 pour (« contrefaçon partielle ») pour sa biographie de Juliette Drouet, la maîtresse de Victor Hugo, publiée en 1997, comparée au livre Juliette Drouet ou la dépaysée (éd. Fayard, 1992) de Gérard Pouchain et Robert Sabourin..
Ou Alain Minc pour son ouvrage intitulé Spinoza, un roman juif, plagiat partiel de Spinoza, le masque de la sagesse, de Patrick Rödel.

En guise de conclusion
Pour faire comprendre ce qu’est un plagiat, je viens d’en commettre un, pour une meilleure compréhension du problème. J’espère être dans l’un des cas particuliers des limites de son champ d’application, par exemple, un reprise d’éléments d’un travail collaboratif à plusieurs auteurs dont certains anonymes. Avec précision qu’ « une source anonyme peut cependant être citée en tant que telle, mais peut dans certains contextes être jugée sans valeur, dans le cas d’une « communication personnelle ». Ou encore dans les cas particuliers de plagiats en cascade (plagiat d’un plagiaire).

Bref, je m’expose tout en citant ma source principale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Plagiat

Advienne ce qui doit !

Merci à tous les contributeurs du site Wikipédia qui ont permis la création de cet article PLAGIAT et qui sont très nombreux à en croire les 52 notes et références ainsi que tous les ouvrages cités dans la bibliographie, les sites dédiés et les liens externes.

© 3 avril 2023 – Jean-Louis RIGUET, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres.

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