Où vont les rêves quand la nuit tombe ? Un recueil de poèmes de Richard Taillefer

Un recueil de PoéVie de Richard Taillefer, chez Gros Textes la petite porte
Où vont les rêves quand la nuit tombe ? TAILLEFER Richard
ISBN : 978-2-35082-437-6
ISSN : 2645-9469
82 pages au format 10 x 15 cm – 7,00€
Illustrations : Patrick Lipski
« Tout est dit ! Poème du silence. […]
Une fois perdues
les images ne se laissent plus prendre »
« En fait, la grandeur est dans ce qui existe entièrement hors de nous. Mais qui regarde bien voit loin. Sans réfléchir, ni m’attarder, je me raccroche à cette réalité. Ni joyeux, ni triste, si ce n’est satisfait de l’avoir croisée en chemin sans la rechercher. » . R. Taillefer

Extraits du recueil de Richard Taillefer
Joseph Ferdinand
Le matin, il était là devant le portail. Peu à peu, oubliant nos craintes de la première approche, nous avions pris l’habitude de le chahuter. Lui jamais ne disait mot. Il ramassait inlassablement des cailloux pour les mettre dans sa proche. Soudain, il s’arrêtait sur le bord du chemin, hochant la tête, il souriait tout en prenant sa casquette dans la main.
Debout
Parlant peu
Un homme
Pierre après pierre
Ce palais idéal
HAUTERIVES
Un rêve devenu réalité.
Mon village en 2019
Aux pieds des Alpilles, mon village est un endroit comme un autre. La campagne a perdu ses parfums de vignes, de lavandes et d’oliviers. Le kafé et quelques commerces résistent à l’appel du large. Trois troupeaux dans les champs et de nombreuses brebis bleu marine dans les rues sombres. On accuse les loups venus d’ailleurs de tous les crimes.
Les souvenirs
les plus lointains de mon enfance
n’ont plus de prise.
Pourtant, on y fait la fête, on boit, on mange, on y pêche. On s’engueule, on se bat. On y meurt aussi, parfois. Univers campagnard, le ton se fait drôle et grivois, grave mais jamais tragique. On raconte encore des histoires de doryphores. Les vieux témoins muet ont perdu leur patois.
“il ne faut pas aller en pré après la Saint Martin”.
Restent ces pierres lourdes qui ont sonné sous l’outil du manant.
Le sel de leur front est un peu de leur sang.
Qui se souvient de ce 2 décembre 1851 ? Mémoire du passé. Ceux de la société secrète montagnarde d’Artignose. L’image de la barricade. Les derniers insurgés d’Aups.
“Martin Bidouré, un enfant presque (il n’avait que 17 ans) tomba en murmurant : — N’aï proun ! (j’en ai assez).”
Comme un 11 novembre
C’est long ! trop long : Tout est calme
Comme un 11 novembre à 11 heures
J’avoue, j’ai désespéré bien des fois.
Efforcez-vous de vivre ! Que mon visage vous soutienne quand le ciel n’est plus le ciel !
Je sais j’ai vu leurs yeux
Avec cette douleur de boue infinie
Souvent je pense à vous et je suis seul
Une petite pluie fine tombe
depuis le matin et détrempe la route
Nommer
Pour donner aux choses
Un lieu en leurs absences
Ce que je pense Où vont les rêves quand la nuit tombe ?
Tout d’abord, il s’agit d’un tout petit format, facile à mettre dans sa poche, aisé à dégainer pour quelques minutes à tuer. Ah ! Tuer le temps avec des poèmes de Richard Taillefer, c’est tout un programme.
Le poète nous plonge dans ce qu’il appelle la PoéVie. Il capte puis restitue des instants de vie. Notamment dans son village du Midi où il fume sa pipe de Cogolin, assis devant un café à la terrasse du seul Kafé du bourg, au nom prétentieux de grand Kafé de France. Il aime son village de Montmeyan où rien ne lui échappe, surtout pas les subtilités.
Son style est unique. Il nous fait partager, depuis sa fenêtre, la jeune fille qui retrouve sa terrasse. Et aussi les îles de l’impossible qui attendent son naufrage. Quand il ne nous parle pas de sa Tante Chaline vêtues de ces longues robes imprimées des années 40. Bref, il nous invite à ces instants de vie qu’il sait saisir à merveille.
Chaque évocation est profonde
et nous entraîne, si l’on prend la peine de s’arrêter un peu sur le texte, vers des montagnes de poésie qui nous remuent. Et parfois ils nous dérangent. Les textes sont beaux, émouvants, à l’image d’une ire, certains font mal. Le poète débraillé sait cogner et ne se prive pas de cogner. Toute une souffrance intérieure sort au fil des mots, des pages ? Parfois, une déchirure explose, cela ne dure pas, mais l’explosion a eu lieu. Tout le travail qu’il y a derrière fait entendre le vécu dans ces lignes magiques. Richard Taillefer nous offre, une nouvelle fois, un beau travail plein de PoéVie.
L’auteur Richard Taillefer
Richard Taillefer, un poète débraillé.
Né un 21 avril 1951 à Montmeyan, un petit village du haut Var, au pied des gorges du Verdon. Après 20 premières années à Marseille, il vit actuellement en Seine-et-Marne. Certificat d’étude primaire, un CAP d’ajusteur en poche, un BT en fonderie (moulage à vert).
« On n’échappe pas à la vocation de son nom ».
En 1972, il trouve sa voie, pour 30 années à la SNCF comme conducteur de train au dépôt du Charolais situé à Paris. Retraite en 2001.
Quelques activités syndicales et de 1998 à 2014, trois mandats municipaux à la fonction de « maire adjoint délégué à la culture » dans la ville de Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne.
1981, création d’une association en poésie et d’une revue « Poésimage » 34 numéros.
En juillet 2014, création avec quelques amis, du festival « Montmeyan en PoéVie »
Si vous voulez en savoir plus sur le parcours de Richard Taillefer, suivez ces liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Taillefer
https://librebonimenteur.net/2014/10/10/jl-a-lecoute-de-richard-taillefer/
Lisez ce recueil, il vous en restera quelque chose !
© Jean-Louis RIGUET 25 février 2020 – Sociétaire de la Société des Gens de Lettres
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