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ON NE SAIT PAS
QUE LES MERES MEURENT
de Laurence Bouvet
Récit
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éditions Unicité
3 sente des Vignes
91530 Saint-Chéron
Tél. 06.23.86.73.83
Format : 15 x 21
Nombre de pages : 96
ISBN/EAN : 978-2-37355-215-7
13 euros
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Quatrième de couverture
Ce récit est un récit de deuil. L’auteure voit sa mère en rêve ou peut-être l’imagine-t-elle en rêve. Chaque chapitre apparaît dans une douceur apaisante comme si le deuil et la douleur étaient ailleurs, enfouis dans le tréfonds d’un travail sur soi-même.
Aucune trace, aucun indice n’échappent à la narratrice. Elle constate : « Le rêve dévoile autant qu’il dissimule ». Le rêve de la mère est multiple et peu à peu le puzzle se construit et se déconstruit vers l’acceptation de la perte. L’écriture l’emporte sur l’absence, elle trace un chemin vers le souvenir. Laurence Bouvet respire les mots. Elle les connaît comme d’autres connaissent les fonds sous-marins ou le désert.
De leur simplicité jaillit la profondeur, la magie opère et la lecture de ses rêves finit par capter quelque chose d’indéfinissable en nous, que l’on ne peut nommer, au-delà des mots et qui nous enseigne qu’« être vivant c’est être séparé ».
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Extrait :
2.
Elle marche. Elle erre dans les rues d’une ville que le rêve ne nomme pas. Elle marche vers un accomplissement sans issue. Son visage est gris. Gris cendré. Légèrement violacé sous la pâleur de la peau froide. Elle a le visage exact des photos prises un an auparavant. Le visage qu’un ciel de septembre semble traverser.
Je l’enlace. La froideur de sa peau, un étonnement, une peur.
Elle cherche son chemin. On peut voir qu’elle le cherche dans mes yeux. L’expression de son regard est un désert reflété, une désolation retenue.
Tout est gris autour. Autour, c’est-à-dire nulle part dans l’annulation des espaces. Il ne s’agit ni d’une saison ni d’un événement. Le temps des soleils d’été, des pluies et des cadrans n’a plus cours.
Elle porte un imperméable gris. Gris lui aussi. A moins qu’il ne s’agisse de sa gabardine écrue délavé par les circonstances. Je l’embrasse sans la suivre.
Je sais que j’accomplis l’acte de ne pas la suivre. Ce refus est mon mouvement, une décision. Une impossibilité ou un désir.
Elle poursuit son chemin dans les rues de la ville que le rêve ne nomme pas. Je la vois s’éloigner. Elle est de dos. Les cheveux sur l’arrière de sa tête sont décoiffés. Une main invisible les a chiffonnés. Des pellicules, preuve pour la rêveuse de la négligence de Mère, parsèment le peu de chevelure.
Mère est en terre étrangère. Elle le pressent. S’en inquiète sans pouvoir démentir sa direction.
Il s’agit moins de se diriger que d’être dirigée.
Quand elle se retourne pour continuer à partir, elle est sur le point de traverser.
L’absence de décor est la traversée même.
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Ce que j’en pense
J’ai lu ce recueil, ce récit. J’ai été bouleversé.
L’auteure dialogue avec un rêve, avec sa mère en rêve, ou peut-être avec elle-même qui est rêve. C’est sûrement un monologue autour de l’absence qui est présence pourtant. L’on ressent le deuil, la douleur, mais surtout la douceur apaisante.
L’auteure joue avec le rêve une dure réalité rêvée et pourtant réelle. Elle vit avec séparée, un rêve vivant et mort à la fois. Elle est dans l’instant présent et dans l’ailleurs irréel. Elle nous entraîne dans sa magie, sa profondeur, sa simplicité, sa complexité. L’indéfinissable pointe le bout de son nez pour tenter de mieux le définir, mais il s’échappe, ce n’est qu’un rêve.
La vie côtoie la mort ou plus exactement est la mort vivante. Ainsi, l’auteur écrit “Mère est vivante. Ou alors elle n’est pas morte. Le rêve ne dit pas elle n’est pas morte. Le rêve dit elle est vivante. Il le montre. Il le fait. La nuance est de taille.”
Ce rêve immatériel est pourtant réel.
“Le rêve s’interrompt sur cette protestation. Sans elle. Le rêve la sait morte. Il me fait vivante.”
Tout au long des pages, l’auteur assène des pensées sur ce rêve qui dit sans dire tout en disant, qui construit et déconstruit, qui avance vers l’acceptation, le souvenir. Une marche de l’inconscient vers le conscient, un chemin de douleur apaisante qui avance de la colère vers l’acceptation.
Je suis conquis par ce livre. Il n’est pas long mais il se lit lentement, mot à mot, pas à pas, pour avancer avec l’auteur, à son rythme, pour comprendre qu’ “être vivant c’est être séparé”.
Lisez ce livre sans modération.
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L’AUTEUR
Laurence Bouvet est née en 1966 à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne. Elle a vécu jusqu’à l’âge de vingt-six ans à Charenton où l’écriture a vu le jour. Psychologue clinicienne et psychanalyste, elle attache une importance particulière au langage, à l’enfance et aux rêves. Elle a reçu en 2005 le Prix Arthur Rimbaud de la Société des poètes français pour son premier recueil Mélancholia Si paru en 2007 aux Éditions Hélices poésie.
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Un livre à lire et à détenir absolument !
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© Jean-Louis Riguet – Librebonimenteur.net
© Jean-Louis RIGUET 13 septembre 2018
Sociétaire de la Société des Gens de Lettres
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Riguet
https://www.youtube.com/channel/UCcLyJcrYJkDfuM9zm6mfbCQ
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