Les poèmes du Jeudi

de

Nicolae Grigore Marasanu, poète roumain

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Je suis écrivain roumain.

Mon prénom est Nicolae et mon nom de famille est Grigore. J’ai choisi d’ajouter à ce nom un cognomen -Marasanu – qui m’individualise et qui me représente, indiquant l’appartenance à un endroit – Marasu -, le nom de ma localité de naissance. C’est une localité située dans les anciens marais de Braila, ultérieurement desséchés, endigués et transformés en île, où à présent on fait de l’agriculture à grande échelle et avec succès.

Voilà comment commence l’interview que ce grand Monsieur m’a accordée dans ma rubrique JL à l’écoute de … publiée précédemment dans une autre chronique.

Ce qui m’a intéressé également c’est la manière dont il s’est fait connaître :

Je vais vous parler, en échange, de la plus efficace modalité de dialogue du poète avec ses lecteurs, dialogue en ligne, permanent, qui dure depuis déjà quelques années. Cela constitue une expérience personnelle et une véritable aventure lyrique : le Facebook. J’ai transformé cette forme de socialisation en un instrument de dialogue à l’intérieur de la poésie et sur la poésie. Initialement, j’ai testé le marché : un certain jeudi, j’ai publié sur ma page Facebook un poème. Quelques lecteurs l’ont lu et j’ai reçu 15-20 ‘j’aime’. Après une semaine, toujours un jeudi, j’ai publié un autre poème et le nombre de lecteurs a doublé, au bout d’une autre semaine a triplé et ainsi de suite. J’ai nommé cette rubrique « le poème du jeudi » et je l’ai rendue permanente. Les lecteurs, timides au début, ont acquis du courage, ont émis des opinions concernant le poème et mon aventure lyrique leur a beaucoup plu. Une lectrice serbe de Novi Sad a traduit un de mes poèmes en serbe, suivie de près par d’autres lecteurs/lectrices qui ont traduit mes poèmes en français, anglais, espagnol, bulgare, albanais, macédonien, hongrois. D’un coup, mes poèmes ont commencé à parler en plusieurs langues. Et le nombre des lecteurs et d’amis a augmenté de plus en plus, car aux lecteurs roumains se sont joints les lecteurs parlant la langue dans laquelle était traduit le poème. Suite à une telle expérience, un livre inédit a vu le jour, portant le même nom ’Le poème du jeudi’.”

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J’ai trouvé intéressant de publier quelques-uns de ces poèmes.

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Une torche

Deux petits souliers avancent sur la route
pour me montrer le lieu d’incinération.

Et moi, en m’étonnant
j’invoque l’Ange
pour  déchiffrer  mon hallucination.

Car ce n’est pas d’usage d’apercevoir des chaussures
pourvues de pieds
déambuler seules sur le sentier.

Ni prisonnier s’enthousiasmer  dans  la corde
de la pendaison.

Celui qui se suicide,
j’ai dit,
devrait être jugé avec un peu de compassion.

Et non pas écrasé avec la botte,
mais porté sur la paume
en tant qu’ange déchu
et rendu à la sainteté d’où il a été chassé.

Une torche dans les noirceurs de la mémoire dévastée
peut éclairer le manque de sens de la mort.

Même si la vérité est pourvue de tête
la logique manque de pieds
et le nain enfonce des clous dans les jambes
il met sa bouche sur la blessure
et s’enivre
du sang qui remplit le Graal.
 
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ingeri-si-banjouri
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Morgane en débauche  hyperbolique

Une voix m’a appelé  au téléphone.
J’ai décroché mais la voix a raccroché.
 
C’était ton habitude d’allumer des inquiétudes .

J’ai cru que tu étais  rentrée
de l’Enfer ou du Paradis
que ton suicide n’avait été qu’une farce
et que je n’avais pas écrit Requiem pour la suicidée
mais que je l’avais rêvé.

J’ai attendu un nouveau coup de fil
mais le téléphone n’a plus sonné.

Et la voix continue à amplifier son écho dans mes oreilles
tout comme une pierre jetée dans un fleuve
laquelle amplifie les cercles concentriques
jusqu’à ce qu’ils se brisent du quai.

Mais le rivage de la mémoire ne s’aperçoit pas !
Et la voix persiste et séduit
Morgane en débauche  hyperbolique.
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fiara-impara
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La parabole du désert

Dieu t’apporte le salut
selon sa présence dans ton cœur.

Sa soif exige d’
être abreuvée.

Son amour me fut révélé dans le désert.

Je cheminais côte à côte
de celui qui envisageait de me tuer.
 
Mon sommeil était un guet perpétuel
ma prière, un état de  veille continuelle.

Je savais que si je m’étais endormi 
il m’aurait tué.

Un jour mon bourreau
n’a plus pu traîner son corps
 à  travers le feu du désert
et j’ai pensé que cela aurait été simple pour moi
de le tuer. Mais au lieu de le tuer
j’ai endossé sa charogne jusqu’à une source
apparue chemin faisant et je l’ai sauvé.

Car le désert où j’allais rester seul
m’a révélé la fin de ma vie
de  m
ême que la grandeur de Dieu
qui, une heure avant de tuer,
m’a appris à aimer.
 
Aussi ai-je compris que la mort
avant de t’angoisser 
te rendrait sage.
Te montrerait la voie vers la perfection.

Dites-moi
C’est quoi  la perfection si ce n’est la conciliation
avec celui qui  vient vers toi le sabre levé ?
L’instant où tu demande pardon à l’épine
pour t’avoir ensanglanté?

Dieu te guide
selon sa présence dans ton cœur.
 
Comprends donc que tout n’est qu’accès !
 

 .

imparele-ed-ii

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L’amour en excès peut tuer

Je sais que je t’ai manqué !

J’entends au crépuscule la flamme du b
ûcher raconter
 
à quel point tu m’as aimé.

Mais combien peut-on aimer une flamme
 sans te brûler ?

L’amour en excès peut tuer.

Une nuit j’ai entendu chanter
 la cigale de mon enfance.
 
 Je l’ai attrapée
et je l’ai rendue tellement heureuse
 que par trop d’amour je l’ai tuée.

Depuis je ne vais plus à la promenade
 à la belle étoile.

Je n’attrape plus de cigales
et j’ai cessé de tomber amoureux
d’une flamme.

Ne vous enivrez pas
du bonheur d’un instant !
l’amour en excès

Est homicide
tout comme un verre plein
 de pesticides !

Et même si ne nous menace
 aucun chagrin
 l’amour en excès est assassin.

Et eux, ils croyaient posséder tout
ce qu’ils avaient acquis.

Mais tout n’était que pourriture et gâchis.
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martea-canonului
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       Un certain type de course
                        Épilogue

Une douleur poursuit une autre douleur
et quand toutes les deux touchent au sommet
au plus haut sommet de la douleur,
la douleur courue explose,
pétard en chair, explose
et chute dans le plasma du feu.

Une autre douleur vient de derrière
elle court après la douleur fuyante
et quand toutes les deux touchent au sommet
au plus haut sommet de la douleur,
la douleur courue explose,
pétard de sang, explose
et chute dans le plasma du feu.

Le poète arrive, ramasse toutes les douleurs,
avec lesquelles il nourrit ses pleurs
et quand sa plainte  arrive au sommet
au plus haut sommet de la plainte
le poète explose et chute dans le plasma du feu.

De derrière arrive le feu, arrive
et déplaint celui  chuté dans le plasma du feu
et quand le feu arrive au sommet
au plus haut sommet du feu
le feu explose et rechute dans le plasma du feu.

Parbleu ! dit le feu
Je suis tombé dans le plasma du feu
Dans le plasma de mon propre feu !

Et le poème de feu naquit.
 .
 
Traduction du roumain : Elena Avasilencei
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masinariile-miscarii

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Quelques mots sur la traductrice :

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Traductrice : Elena Avasilencei

Qui suis-je ?

Je m’appelle Elena Avasilencei et je suis née le 3 octobre 1956 dans une localité comportant 3 770 habitants, Isalnita, située dans le sud de la Roumanie.

J’ai fait des études humanistes au Lycée Fratii Buzesti de Craiova, le meilleur lycée du pays selon les statistiques, compte tenu des résultats des élèves à l’admission au lycée et ensuite à l’entrée aux facultés, et j’ai enchaîné avec des études philologiques à la Faculté des Lettres, avec double spécialité, français et roumain, à l’Université de Craiova.

À la fin de mes études j’ai été nommée enseignante titulaire par répartition gouvernementale dans une localité située à la frontière avec la Bulgarie, à 100 km de Craiova, laquelle s’appelait Orlea (l’homophone de votre Orléans) où je suis restée 7 ans.

À partir de 1986, après mon mariage, j’ai fait le saut directement dans la capitale de la Roumanie, à Bucarest, où j’ai travaillé pendant 13 ans à la Bibliothèque Centrale Universitaire de l’Institut Polytechnique. À partir de 2003, je suis rentrée dans l’enseignement comme professeur de FLE (française langue étrangère), exerçant mon métier dans deux lycées d’État et un particulier, jusqu’en 2009.

J’ai passé tous les examens professionnels, jusqu’à l’obtention du grade suprême dans l’enseignement pré-universitaire. J’ai suivi également un stage de formation continue en France, à l’Institut de Langues de Rennes, durant l’été 2005 et j’ai poursuivi en 2006-2007 un master en linguistique française théorique et appliquée, clôturé par une dissertation sur Pierre Loti.

Je suis également traductrice assermentée auprès du Ministère de la Justice de Roumanie et en tant que telle j’ai accompagné mon mari en Tunisie entre 2009-2015.

J’ai deux grands enfants (de 30 et 28 ans) Ioan Lucian et Marie Francine, tous les deux travaillant dans des compagnies internationales connues (Eriksson et Hewlett Packard).

Depuis l’an dernier, je suis à la retraite anticipée et je passe mon temps agréablement, en m’occupant à présent de traductions littéraires.

Après ma retraite, je suis rentrée dans mon village natal pour jouir des bienfaits de la nature, de la vie paisible, des lectures à mon gré et pour enfin retrouver le Paradis perdu, le berceau de mon enfance.

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 Si vous voulez en savoir plus sur Nicolae Grigore Marasanu, suivez le lien suivant :
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Je remercie l’auteur et la traductrice qui m’ont permis cette publication.
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Tout sur mes livres :

https://sites.google.com/site/sitejeanlouisriguetauteur/home

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https://www.youtube.com/channel/UCcLyJcrYJkDfuM9zm6mfbCQ

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Jean-Louis RIGUET 02 février 2017

Sociétaire de la Société des Gens de Lettres et Membre de la Maison de l’Ecrivain et de la Littérature

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Riguet

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