Le Gardien de nos frères

Un roman d’Ariane Bois

Chez BELFOND

ISBN 978-2-7144-7104-8

390 pages – 19 €

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9782714471048

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J’avoue avoir été interpellé par la quatrième de couverture ainsi conçue :

“En 1939, Simon Mandel a 16 ans. Entré dans la Résistance, il sera blessé au maquis. En 1945, la guerre lui a tout pris et notamment Elie, son petit frère, disparu dans des conditions mystérieuses. Dans une France désorganisée et exsangue, Simon embrasse une nouvelle cause, celle des Dépisteurs. Ces jeunes juifs, anciens scouts et combattants, ont pour mission de retrouver des enfants dont les parents ne sont pas revenus des camps. Sillonner le pays à la recherche des siens est sans doute le seul espoir pour Simon de retrouver Elie.

Dans ce monde traumatisé où le retour à la vie sera pour certains une tragédie de plus, Simon rencontre Léna, survivante du ghetto de Varsovie. Rejetée par son propre pays, la Pologne, elle cherche elle aussi à redonner un sens à son existence. De Paris à Toulouse, d’Israël à New York, la reconstruction bouleversante de deux jeunes révoltés portés par la force de l’amour et le souffle de l’Histoire.”

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Le mot “Dépisteurs” m’avait intrigué. C’est donc avec une envie de découvrir que j’ai entamé ce livre que j’ai lu très rapidement.

Ce livre raconte l’histoire des Mandel qui habitent Paris, au quatrième étage d’un bel immeuble dans le 7ème arrondissement. La mère, Marguerite, professeur de français et d’allemand, joue parfois le soir du piano. Le père, Henri, est avocat dans un cabinet prospère. C’est un démocrate, pur produit de la IIIème République radicale-socialiste. Il revendique haut et fort sa laïcité. Il aime la France en qui il a confiance.

Ce couple a engendré quatre enfants qu’il emmène en vacances sur les bords de l’Atlantique à La Baule ou de la mer du Nord au Touquet. Comme toute famille bourgeoise, l’hiver c’est le ski et toute l’année c’est le tennis. La famille est joyeuse, gaie, unie.

Bien qu’ils soient juifs, la famille est animée par des valeurs humanistes, laïques et républicaines. Elle sent vraiment une famille française. Elle ne se pose pas de questions, la France les protégera.

Arrive la Guerre. Avec son lot de malheurs, de désolations, d’arrestations, d’exterminations. Les espoirs sont vite anéantis. La Guerre va tout leur prendre. La famille est vite décimée car seuls Simon et son petit frère Elie en réchappent. C’est Simon que l’on suit dans les affres de la guerre, pendant ces longues années. En fait, on prend la vie de Simon quand il a 16 ans en 1939 et nous la suivons jusqu’à la guerre des Six-Jours, en 1967. On le suivra aussi à New-York où il s’est installé en 1948 comme architecte reconnu qui construit de grands immeubles, comme à Central Park. Après une reconstruction difficile de sa propre personnalité !

Simon rencontrera Léna, née de petits commerçants polonais, qui a réussi à survivre au Ghetto de Varsovie. Ensemble, ils vont rechercher des enfants juifs cachés par leurs parents. Leurs motivations sont différentes : Simon parce qu’il recherche son frère Elie, Léna car elle veut redonner un sens à sa vie.

C’est aussi l’histoire d’une rencontre entre un homme et une femme qui vont vivre une belle histoire d’amour. Deux jeunes révoltés, écorchés vif, passionnés, meurtris par la Guerre, qui nous feront voyager de Paris à Toulouse et croiser des figures légendaires du scoutisme, un champion de natation, un philosophe, le chef des Francs Tireurs et Partisans, etc.

C’est un exemple de résistance, et notamment de la résistance des Juifs volontiers passée sous silence.

Ariane Bois nous fait nous questionner. Peut-on survivre à telles épreuves ? Comment peut-on continuer à lutter, résister, chercher, sans jamais abandonner, renoncer, tout en étudiant.

La vie continue dans un voyage qui se renouvelle sans cesse. Quand une guerre finit, une autre recommence.

Simon est-il le Gardien de nos frères ?

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Le pays Briard

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Rappelons qu’Ariane Bois est grand reporter au sein du groupe Marie-Claire, spécialisée en sujets de société. Elle est aussi critique littéraire pour le Magazine avantages.  Elle est diplômée de l’Institut d’Etudes politiques de l’université de New-York et titulaire d’une DEA d’Histoire.

Ariane Bois n’en est pas à son premier essai puisqu’elle a déjà publié trois autres romans : Et le jour pour eux sera comme nuit, Le Monde d’Hannah et Sans Oublier.

Ariane Bois a reçu de nombreux prix à diverses occasions pour ce roman Le Gardien de nos frères.

Ariane Bois évoque plusieurs raisons qui l’ont poussée à écrire ce roman. D’abord le sujet de ces Dépisteurs qui parcouraient la France à la recherche des enfants juifs cachés pour les sauver. Ensuite, elle a écrit une thèse sur la Résistance. Enfin, elle a eu un grand oncle pasteur, Robert Cook, aumônier du maquis de Vabre dans le Tarn, qui lui a raconté la résistance juive. Ce pasteur avait notamment organisé un faux camp d’éclaireurs unionistes afin de sauver 30 jeunes filles juives. Et cela a réussi. D’ailleurs, après la Guerre, il a été reconnu comme Juste parmi les Justes.

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Pour ce livre, la collecte des données est impressionnante. Les recherches de détail sont impressionnantes sur la résistance des Juifs en France et l’après-guerre.

On sent le parcours de l’auteure qui nous conte sans avoir l’air d’y toucher des faits moins connus de notre histoire comme “la rafle du billet vert” en 1941, à Paris, dans le XIème arrondissement. Des milliers de juifs étrangers furent parqués au gymnase Japy avant d’être transférés aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Elle nous indique aussi que seulement 2500 Juifs sur 75000 sont revenus des camps et que leurs biens ont été accaparés par autrui.

Elle nous parle aussi des tractations complexes avec l’ordre de Notre Dame de Sion, réticent à remettre les enfants juifs après la Libération alors qu’un excellent travail avait été effectué auparavant. Et aussi de ces 85 % d’enfants Juifs sauvés grâce au courage des Justes, catholiques ou protestants.

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Ariane Bois nous offre avec Le Gardien de nos frères un grand roman sur la tragédie juive à la fin de la seconde guerre mondiale s’appuyant sur un véritable travail d’enquête et sur un recueil de témoignages.

Félicitations Madame !

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9782714471048

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© Jean-Louis Riguet 20 juin 2016

Sociétaire de la Société des Gens de Lettres  et membre de la Maison de l’Ecrivain et de la Littérature

Liens :

http://librebonimenteur.net/

https://sites.google.com/site/sitejeanlouisriguetauteur/home

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Parution : L’Automne 1870 en Beauce – Des familles en souffranceDECOUVRIR ICI

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