Des mots pour vous

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JL à l’écoute de …

Aujourd’hui Méryl Pinque

.Meryll

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1/ Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?

Je m’appelle Méryl Pinque, je suis écrivaine et critique littéraire. J’ai suivi des études de Lettres Modernes à l’Université de Bourgogne puis à Paris VII, après avoir obtenu mon bac au Lycée Lalande, dans l’Ain dont je suis originaire.

2/ Que faisiez-vous avant d’écrire ou parallèlement à l’écriture ?

J’ai enseigné quelque temps le français dans des collèges et lycées, mais n’ai jamais eu la fibre professorale, à la différence de plusieurs membres de ma famille du côté maternel. J’ai donc très vite arrêté ce métier qui m’ennuyait et n’était vraiment pas fait pour moi. Je suis également traductrice free-lance.

3/ Qu’aimez-vous ou pratiquez-vous comme autre art ? La peinture ? La sculpture ? Le cinéma ? La photographie ? Le théâtre ? Quelle est votre passion ?

J’ai toujours pensé que la musique était le plus noble des arts, le moins humain. Si j’avais été plus douée, sans doute aurais-je composé au lieu d’écrire. J’ai fait dix ans de piano classique, mais je n’avais pas suffisamment de talent pour me lancer dans une carrière musicale. Même chose pour la danse que j’ai pratiquée assidûment pendant mon enfance et mon adolescence. J’ai présenté deux fois, sans succès, le concours de l’Opéra de Paris, à 7 et 8 ans. Après mon bac, je suis partie m’installer à Paris (ville où je me rends encore par nécessité, mais que je n’aime pas et à laquelle je ne me ferai jamais) où j’ai suivi les cours Florent. Le sexisme outré de mon professeur m’a cependant fait quitter cette digne maison bien avant la fin de ma première année. J’avais d’ailleurs compris que ce monde n’était pas fait pour moi : non seulement je n’avais aucun talent, mais le fait de s’exposer publiquement, et plus encore d’interagir à l’intérieur d’un groupe, d’une compagnie, pour moi qui suis si sauvage et solitaire de nature, m’était tout bonnement insupportable.

4/ Qu’attendez-vous de vos lecteurs, admirateurs ? Comment vous faites-vous connaître ? Comment allez-vous à leur rencontre ?

Je serais malvenue d’attendre d’avoir des admirateurs, quand mes livres sont marqués au coin de la misanthropie ! (Rires) Plus sérieusement, je n’ai jamais rien attendu de personne. L’expérience m’a prouvé qu’on est seul et qu’on le reste. Je fais ce que je pense devoir faire et du mieux que je le peux. Si des lecteurs aiment ce que j’écris, tant mieux. S’ils n’aiment pas, cela me convient aussi, l’essentiel étant d’être fidèle à ce que l’on est. Quant à me faire connaître, n’ayant aucun « réseau », pour reprendre le terme consacré (les éditeurs vous enjoignent eux-mêmes de fonctionner ainsi), cela m’est difficile dans une société où la bonne fortune advient souvent grâce aux rencontres. J’ai cette fierté d’avoir atteint certains de mes buts (que d’ailleurs je n’avais jamais osé concevoir, comme de gagner le prix de la Société des Amis de Colette cette année) sans l’aide de personne, par la seule valeur de mon travail. Je n’ai qu’un « réseau » : celui de la protection animale au sein duquel je milite depuis l’adolescence, mais il n’a rien à voir avec le milieu littéraire.

5/ Faites-vous des rencontres, des lectures ou des conférences sur vos ouvrages ?

Je remplis mes obligations envers mes éditeurs, en participant aux Salons auxquels ils m’inscrivent, ou bien en donnant quelques conférences et signatures en librairie. On me convie parfois à des émissions de radio, et j’ai eu la chance d’avoir été interviewée par un célèbre magazine à l’occasion de la sortie de mon dernier livre (un collectif que je dirige).

 6/ Depuis quand écrivez-vous ? Qu’avez-vous déjà écrit ?

Depuis que je sais lire et tenir un stylo… Ma mère a conservé plusieurs petits poèmes composés lorsque j’avais entre 7 et 10 ans. Ensuite, j’ai commencé à écrire des histoires qui, lorsqu’elles avaient une fin (ce n’était pas toujours le cas), comportaient une telle dose de fantaisie que de les relire me fait beaucoup rire — comme si je voyais incarnée ma propre bizarrerie, portée par l’enfance à son acmé.

7/ Quel est votre dernier livre ? Pouvez-vous nous en parler ?

Il s’agit d’un collectif publié par Autrement en mars 2015. Militante de la première heure pour les droits des animaux, bien avant que cela devienne une mode dans le show-business (j’ai connu l’époque, pas si lointaine, où les militants dont je fais partie étaient soit ignorés, soit moqués par les médias, dans tous les cas méprisés), il me semblait nécessaire de faire connaître aux lecteurs français la théorie abolitionniste initiée par le philosophe et juriste américain Gary L. Francione. J’ai donc réuni autour de moi, outre Francione, plusieurs penseurs français et nord-américains de la cause animale. L’ouvrage a paru sous le titre Bêtes humaines ? Pour une révolution végane, le but étant de démontrer que puisque les animaux sont doués de sentience, ils ont une valeur morale et des droits fondamentaux que nous leur nions arbitrairement. Le véganisme « abolitionniste » ou « éthique » milite pour la fin de l’ensemble de l’exploitation animale et l’abolition du statut de propriété des animaux non humains.

8/ Où peut-on se procurer vos ouvrages ?

En librairie ou sur internet.

9/ Quelle est votre position par rapport aux publications à compte d’éditeur, à compte d’auteur ou à compte participatif ? Aux e-book ?

J’ai toujours pensé et continue de penser que rien ne vaut le compte d’éditeur. Mais les gens doués ignorés par ces mêmes éditeurs ont également raison de vouloir être lus et de se débrouiller pour l’être.

10/ Quel est le conseil le plus important que vous ayez reçu ? Pas forcément pour les livres ?

De ne jamais dévier du but qu’on s’est fixé. Et de travailler, encore et toujours. Même le plus grand génie n’arrive à rien sans travail.

11/ Que préférez-vous écrire ou lire : des romans, des poésies, des essais, des nouvelles, des biographies ?

Je reste fidèle à la fiction, envers et contre tout : romans, nouvelles, tout y passe. Cela ne signifie pas que je ne lis pas autre chose, mais le charme puissant de la fiction m’est aussi nécessaire que le pain et l’eau. Je pourrais ne vivre que par et dans les livres, dans ce que Gary Snyder appelle « les régions sauvages de l’esprit ». La réalité est si humaine en comparaison, si désolante. La littérature est pour moi une conjuration de l’humain. Seule la nature lui est supérieure, et probablement aussi la musique.

12/ Comment écrivez-vous ? 

Colette disait qu’elle n’avait jamais écrit avec facilité. Cela peut surprendre de la part d’un tel génie, mais elle avait l’honnêteté de reconnaître la nécessité et l’importance du travail, même dans son cas. Écrire est un travail que je comparerais à celui d’orfèvre ou de menuisier : je polis mes phrases jusqu’à ce que leur forme m’agrée totalement, jusqu’à ce que je ne doute plus d’elles. La relecture prend donc un temps considérable, bien plus que l’écriture elle-même. Je sais que c’est fini quand je sens que ça l’est. Le texte exprime alors une impression d’unité, une sorte de rotondité mentale.

13/ Où puisez-vous votre inspiration ? Avez-vous eu des commandes d’ouvrages ?

Personne ne peut disséquer l’inspiration, ni la mettre en équation. C’est un phénomène éminemment mystérieux. Ce peut être un rêve que l’on fait, ou une idée qui surgit, et que l’on suit obstinément. Dans tous les cas, vous ne choisissez pas le sujet d’une histoire : c’est lui qui s’impose à vous. L’écrivain n’est qu’un exécutant. De quelles œuvres plus ou moins hautes, je ne saurais le dire… (Rires) Et, non, on ne m’a pas encore commandé d’ouvrages, mais on a pu m’inciter à écrire un essai sur Colette, sur qui j’ai beaucoup travaillé. Là encore, les choses viendront d’elles-mêmes, ou ne viendront pas. De même que rien n’est planifié dans mon existence, j’aime, en ce qui concerne l’écriture, à me laisser porter par… l’inspiration. Je ne décide rien, j’attends.

14/ Comment construisez-vous vos intrigues, vos personnages ? Vos personnages sont-ils toujours imaginaires ?

Si l’idée de départ m’apparaît clairement (mais toujours à la faveur du hasard, ou de ce que l’on suppose tel), l’histoire elle-même appartient au personnage qui la vit. Il y a une sorte de fatalité qui plane sur chacun d’entre nous : vous ne pouvez pas échapper à votre existence. Si vous y parvenez, cela en fait aussi partie. Comme les êtres de chair que nous sommes, les personnages ne savent pas où ils vont, mais « ils y vont », en vertu des lois exemplaires de la fiction. Ils avancent selon leur destin et leur créateur les suit. Les miens sont tous imaginaires car je récuse l’autofiction. Il se peut cependant qu’ils s’inspirent de personnes réelles, ou plus simplement de l’humanité telle qu’elle ne va pas, ou telle qu’elle va exceptionnellement au contraire. L’humanité se divise en types, et vous finissez par classer les gens que vous rencontrez en fonction de ces types. C’est un voyage moins long, moins passionnant et complexe qu’on ne le pense.

15/ Quel conseil donneriez-vous aux amateurs d’écriture ?

De persévérer dans leur effort et de ne se laisser perturber par rien. De travailler encore et encore jusqu’à ce qu’ils jugent le résultat honnête. Puis de se lancer à la recherche d’un éditeur, en commençant par les plus gros. Et surtout de ne jamais désespérer.

16/ Quels sont vos auteurs préférés ?

Les écrivains américains passés et présents sans distinction. Mon amour pour la littérature américaine est impossible à décrire et à quantifier : il est absolu, sans réserve, merveilleux. Je n’en veux qu’à ceux que j’appelle les apostats de l’Amérique, comme Henry Miller qui a préféré la France, et dont je méprise l’œuvre en ce qu’elle-même est l’expression d’un mépris extrême envers les femmes. J’aime aussi passionnément la littérature britannique. Will Self et Martin Amis sont de grands génies, à l’instar d’A. S. Byatt dont on parle trop peu. Je voue également un culte à Joseph Conrad et Thomas Mann. Pour la France : Hugo, Colette, Giono, Camus.

17/ Que lisez-vous en ce moment ?

Les écrivains américains, encore et toujours : Oates, Kasischke, Erdrich, Highsmith, Eugenides, London, Kerouac, Bradbury… Tous sont actuellement sur ma table de chevet. Encore une fois, il m’est difficile d’exprimer l’admiration que j’ai pour la littérature de ce pays, dont je suis originaire par ma grand-mère paternelle. Les États-Unis ont toujours été mon pays de cœur à défaut d’être mon pays tout court. Chaque jour d’ailleurs je me demande pourquoi je n’y vis pas. Il coule dans mes veines, il m’abreuve littéralement. Je lui dois mes joies les plus délicieuses. Je ne saurais concevoir l’existence sans lui, sans sa littérature, sa peinture, sa musique, son cinéma, que je trouve incomparables. La France a été un grand pays, mais cette époque-là est révolue, dans tous les domaines. Il n’y a pas de Joyce Carol Oates en France, ni de Francis Ford Coppola, ni d’Al Pacino, qui a élevé le métier d’acteur au rang d’art absolu.

18/ Travaillez-vous sur de nouveaux projets ?

Oui, mais je préfère n’en rien dire pour le moment.

19/ Avez-vous des dates d’événements à venir ?

Je donnerai une conférence suivie d’une séance de dédicaces le 19 novembre prochain, à la librairie La Lucarne à Paris, dans le XIXe arrondissement.

20/ Où peut-on suivre vos actualités ? Vos parutions ?

Sur le site de mes éditeurs, Faustroll, Le Rocher et Autrement.

Le 11 novembre 2015

 Méryl Pinque

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vegan.fr

Une seule solution : l’abolition !
Aperçu par Yahoo

 

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Extrait de La Caricature de Dieu :

« C’est ainsi qu’à sa sortie d’Independence, il alla rejoindre les denses forêts du Nord-Ouest, où il mena l’existence sauvage et solitaire du grand héros américain. Il était retourné à la nature, avec tous les risques que ce choix comportait. Mais il avait intégré les lois immuables qui régissaient l’univers de ses ancêtres, et lié son sort à celui des bêtes sauvages. C’était un combat loyal entre le monde et lui-même, et il en avait accepté les règles.

Là-haut, il menait une vie très pure, le genre de vie qu’il avait toujours rêvé d’avoir. En s’éloignant de ses semblables, il devint plus humain. Il comprit que l’humanité ne voulait rien dire dans la fureur, le bruit et le nombre qui la caractérisaient. On devenait homme en s’affranchissant des autres hommes. C’était un défi qu’on ne pouvait relever que dans la solitude et la liberté, et seule la nature sauvage était en mesure d’offrir l’une et l’autre. En elle, par elle, l’homme reconquérait sa noblesse. Tom Starbird était désormais l’égal des bêtes. »

 

La Caricature de Dieu, Paris, Le Rocher, 2014, pp. 238-9.

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Bêtes humaines ?

Pour une révolution végane
Mettre fin à la domination de l’homme sur l’animal : tel est l’objectif du mouvement végan. À l’heure où les consciences s’éveillent face à …

La suite sur :
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Je remercie sincèrement Méryl Pinque d’avoir eu l’amitié de se livrer à ce jeu des questions-réponses.

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Auteur, si vous aussi, vous êtes intéressé par mon écoute et la publication sur ce blog, merci de vous manifester par e-mail soit directement sur le site soit à l’adresse suivante : jlriguet@gmail.com.

La publication sur le site sera ponctuelle au gré des réceptions des questionnaires.

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Pour se manifester si vous êtes intéressé par le questionnaire :

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Tout sur mes livres :

https://sites.google.com/site/sitejeanlouisriguetauteur/home

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Jean-Louis RIGUET 13 novembre 2015

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Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, Membre du Bottin International des Professionnels du Livre et de la Maison de l’Ecrivain et de la Littérature

Liens :

http://librebonimenteur.net/

https://sites.google.com/site/sitejeanlouisriguetauteur/home

http://jeanlouisriguetecriveur.blogspot.fr/

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Parution : L’Automne 1870 en Beauce – Des familles en souffranceDECOUVRIR ICI