Des mots pour vous
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JL à l’écoute de …
Aujourd’hui Lhattie HANIEL
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N’oubliez pas l’extrait de UN ACCORD INCONGRU ! en fin de chronique.
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1/ Qui êtes-vous (VOS Prénom et NOM) ? Quel est votre parcours ?
Lhattie HANIEL
2/ Que faisiez-vous avant d’écrire ou parallèlement à l’écriture ?
J’étais responsable des RH dans la filiale d’un grand groupe français.
3/ Qu’aimez-vous ou pratiquez-vous comme autre art ? La peinture ? La sculpture ? Le cinéma ? La photographie ? Le théâtre ? Quelle est votre passion ?
Outre l’écriture, je peins à l’acrylique, je dessine au fusain et aux pastels secs. J’adore créer des choses en tous genres. Je suis une passionnée et je m’intéresse à beaucoup de choses. Le cinéma et la photographie font également partie de mes passe-temps. Par ailleurs, et sans prétention, je fais mes couvertures de livres toute seule en utilisant des chefs-d’œuvre d’artistes-peintres des siècles derniers que j’admire.
4/ Qu’attendez-vous de vos lecteurs, admirateurs ? Comment vous faites-vous connaître ? Comment allez-vous à leur rencontre ?
J’espère avant tout leur donner du bon temps en leur ouvrant une porte de mon univers. Je m’attelle à écrire chacune de mes romances avec le meilleur de moi-même pour que chaque lecture ne soit pas un supplice, mais un plaisir. Je vous avoue adorer leurs retours par emails / FB / Twitter / Linkedln / Wattpad… Ce sont des moments de partages fort agréables et je prends le temps nécessaire pour y répondre.
Facebook et Twitter sont deux réseaux sociaux très intéressants pour des auteurs indépendants, comme moi. C’est une vitrine virtuelle qui nous permet de nous faire connaitre rapidement pour peu que nos écrits intéressent certaines catégories de personnes, en l’occurrence pour moi, les Janéites et les adeptes de Romances historiques. Et il y a aussi Linkedln via lequel je rencontre des éditeurs/éditrices et où je peux échanger directement sur le métier d’auteur. Et je n’oublie surtout pas toutes ces blogueuses qui acceptent mes services presse afin de chroniquer mes romances. Pour moi, c’est l’atout que j’ai dans ma manche pour me faire connaitre plus amplement. J’ai très peu de refus et je m’aperçois même que la Romance fait son grand retour. Chose qui me ravit grandement !
5/ Faites-vous des rencontres, des lectures ou des conférences sur vos ouvrages ?
Je n’ai pas encore fait de dédicaces directement avec mes « fans ». J’en fais, mais par voie postale. Je communique fréquemment par e-mail ou MP. Mais je préfère nettement la rencontre physique qui n’a rien de comparable.
Alors, dès que je le peux, je me rends aux dédicaces de personnes inconnues ou qui sont ami(e)s avec moi sur FB, Twitter… Cela me permet à chaque fois de faire de belles rencontres : les auteurs et leurs éditeurs, les visiteurs ou bien les intervenants lors d’une réception.
6/ Depuis quand écrivez-vous ? Qu’avez-vous déjà écrit ?
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé écrire. Au début, c’était tout simplement ces caractères posés les uns à la suite des autres qui m’intéressaient, car j’adore écrire à l’encre de chine avec une plume de corbeau ou bien d’oie. Alors les mots sont devenus des phrases, souvent philosophiques, car j’adore le côté positif de ces versets. Puis les années passent et la vie nous fait prendre des chemins. Puis, il y a trois ans, lorsque mon tendre Aimé m’a dit « fais ce qu’il te plaît », je me suis mise à écrire ma première romance. Cela m’a pris tout de même deux années pour boucler « Lady Rose & Miss Darcy, deux cœurs à prendre… » inspirée de l’univers étendu d’Orgueil & Préjugés, grande œuvre de Jane Austen. Puis, une seconde romance s’est écoulée de ma plume sous le titre de « Pour que chaque jour compte, il était une fois… » écrite d’une traite en trois mois. J’ai ensuite participé à la journée du manuscrit avec « Un Accord Incongru ! » ou j’ai battu mon record d’écriture, car je l’ai écrit en 15 jours. Résultat des courses : cette romance est sortie gagnante avec 19 autres romans ce jour-là ! Je ne pouvais plus m’arrêter d’écrire. Trois mois plus tard, je bouclais « Violet Templeton, une lady chapardeuse ».
7/ Quel est votre dernier livre ? Pouvez-vous nous en parler ?
On pourrait croire que Violet Templeton est ma dernière romance. Pourtant, non ! Je suis plongée dans l’écriture d’une romance sur Jane Austen. Une romancière dont j’ai toujours admiré les écrits. J’aime sa façon qu’elle avait de détailler ses personnages, leurs caractères, leurs modes de vie. Et bien sûr, comme ce sont des romances et que je suis romancière, je ne peux qu’aimer et écrire sur cette grande Dame de Lettres anglaise. C’est aussi une façon pour moi de lui rendre un hommage avec tout cet héritage qu’elle nous a laissé. J’ai eu alors l’idée un jour de lui créer une histoire, uniquement pour elle…
8/ Où peut-on se procurer vos ouvrages ?
Tous mes ouvrages se trouvent sur Amazon en version brochée et e-book.
9/ Quelle est votre position par rapport aux publications à compte d’éditeur, à compte d’auteur ou à compte participatif ? Aux e-book ?
Actuellement, j’ai autopublié quatre de mes romances (la dernière date de cette semaine). J’en vends tous les jours et j’avoue que cela me comble déjà bien. J’ai adressé dernièrement deux de mes manuscrits à des Maisons d’Édition à compte d’Éditeur, tel que Harlequin HQN et les Éditions Charleston (Le Duc Editions). Je ne me suis pas encore intéressée aux publications à compte participatif. Le devrais-je ?
10/ Quel est le conseil le plus important que-vous-ayez reçu ? Pas forcément pour les livres ?
Un conseil de ma chère petite maman : n’hésite jamais !
Et si cela concerne une demande, elle m’a toujours dit : tu as déjà 50 % de ta réponse : le non. Il ne te reste plus qu’à attendre le oui !
11/ Que préférez-vous écrire ou lire : des romans, des poésies, des essais, des nouvelles, des biographies ?
J’aime écrire de la romance (historique, sensuelle et prochainement même une histoire fantasy version scénario…)
Pour mes lectures, j’ai une nette préférence pour la romance et les nouvelles. Toutefois, il m’arrive de me laisser tenter par d’autres sortes d’écrits.
12/ Comment écrivez-vous ?
Généralement, j’écris d’une seule traite après avoir inscrit sur mon iPhone, le fil d’une histoire (ce qui m’arrive particulièrement en pleine nuit, donc tout va bien, le clavier de l’iPhone ne fait pas de bruit…) Lorsque j’ai beaucoup de personnages principaux et secondaires, un tableau papier m’est nécessaire pour m’y retrouver. Toutefois, l’histoire me vient d’un seul coup et je change rarement le scénario que j’ai eu dans mes pensées. Cela m’est arrivé uniquement pour ma romance sur l’univers étendu du RMS Titanic, pour laquelle je n’ai pu obtenir les droits d’auteurs d’utiliser les noms des personnages du film TITANIC. Il m’a fallu opérer à des changements radicaux sur toute ma romance. Néanmoins, je suis vraiment satisfaite du résultat et d’ores et déjà, cette romance fait du bruit !
13/ Où puisez-vous votre inspiration ? Avez-vous eu des commandes d’ouvrages ?
C’est la question que l’on me pose fréquemment. J’avoue ne savoir pas d’où me viennent toutes ces histoires, car j’en ai encore quatre sous le coude… Je me sens parfois envahie par quelque chose d’indéfinissable et lorsque je suis dans la relecture de mes écrits, il m’arrive de me dire que ce n’est pas possible, ce n’est pas moi qui ai pu écrire cela… Dans le bon sens du terme, bien sûr ! Pour la commande d’un ouvrage, j’ai eu un contact avec une ME dernièrement pour l’écriture sur l’univers étendu d’une série télévisée. Mais, chut, c’est encore un secret…
14/ Comment construisez-vous vos intrigues, vos personnages ? Vos personnages sont-ils toujours imaginaires ?
Je crois bien ne rien construire. Tout vient d’un seul coup comme si la bande d’un film se déroulait dans ma tête. Mes personnages sont tout de suite identifiés et j’arrive à conserver leurs images tout au long de mon écriture, ce qui me permet de ne pas trop m’embrouiller. La seule chose que je change au fil de mon écriture, ce sont leurs noms et prénoms qui parfois ne donnent pas un côté fluide à la lecture. Alors je les change tout simplement. Par ailleurs, tous mes personnages ne viennent pas seulement de mon imagination. J’ai de beaux exemples qui m’entourent et m’inspirent au quotidien : mon mari, ma fille, ma mère, mes sœurs et même mon petit chien dont on retrouve le prénom Fripon dans ma première romance !
15/ Quel conseil donneriez-vous aux amateurs d’écriture ?
Je crois que l’on est tous des amateurs à chaque fois que l’on couche les premiers mots d’une histoire sur le papier même si l’on en est à sa cinquième romance…
Le seul conseil que je donnerai serait de ne pas se précipiter (dixit la femme qui écrit en 15 jours une romance…) Pour moi, l’écriture est comme un canevas sur lequel il faut broder prudemment si l’on veut un joli rendu. C’est important de se dire que même s’il n’y a qu’une seule personne qui va lire cette romance, il faut absolument qu’elle la trouve aboutie, qu’il n’y ait pas de manque. Je déteste être frustrée par une lecture où il manque quelque chose et où, surtout, la fin est bâclée. Et il faut absolument écouter les critiques constructives. C’est très important de savoir les prendre en compte afin de bonifier encore plus son histoire.
16/ Quels sont vos auteurs préférés ?
Jane Austen – Virginia Woolf – Alexandre Dumas – Victor Hugo – Et bien entendu, la Comtesse de Ségur qui a bercé toute mon enfance !
17/ Que lisez-vous en ce moment ?
La dernière romance de Marie Vareille que j’ai rencontrée lors de sa dédicace sur Paris. Je vous laisse imaginer ce qu’une romancière qui a écrit une romance dont l’héroïne est une romancière raconte à cette occasion à une romancière venue pour sa dédicace…
18/ Travaillez-vous sur de nouveaux projets ?
Oui, comme je vous le disais plus haut, j’écris actuellement une romance sur Jane Austen. Qui plus est, je prévois l’écriture d’un scripte pour un appel à texte de la maison des scénaristes (prévision novembre 2015 et fil de l’histoire déjà dans mon iPhone…). Il y a également une nouvelle romance sur un appel à texte d’une ME (prévision 2015/2016). Et dernièrement, j’ai eu un très bon contact avec une productrice qui se plonge actuellement dans mes romances afin de voir si l’une d’elles pourrait être adaptée au petit écran…
19/ Avez-vous des dates d’événements à venir ?
Non, c’était cette semaine lorsque j’ai publié en autoédition ma romance « Pour que chaque jour compte, il était une fois… ». Celle-ci porte sur l’univers étendu du RMS TITANIC et je crois bien que les histoires d’Amour qui tournent autour de ce nom plaisent énormément. Quelle chance pour moi !
20/ Où peut-on suivre vos actualités ? Vos parutions ?
Je suis sur Twitter et Facebook.
http://www.facebook.com/pages/Lhattie-Haniel/303011469822737
et il y a plusieurs chroniques de bloggueuses que je poste fréquemment sur ma page « Auteur »
https://www.facebook.com/pages/Lhattie-Haniel/303011469822737
et sur mes pages « Livres ».
https://www.facebook.com/pages/Un-Accord-Incongru/584748538337826
https://www.facebook.com/pages/Violet-Templeton-une-lady-chapardeuse/468007450004218
Je vous remercie pour cette interview.
Le 12 juillet 2015
Lhattie HANIEL
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LHATTIE HANIEL a eu la gentillesse de nous confier un extrait de UN ACCORD INCONGRU !
Un grand merci à elle.
Un Accord Incongru !
— L’Univers Étendu de Miss Dolly Green —
Copyright © 2015 by Lhattie Haniel
All rights reserved.
ISBN 979-10-94782-00-2
Tu es ma certitude,
Toi que j’aime.
Prologue
Mercredi 14 février 1810, Comté du Suffolk, Kentwell Park
Dans son énorme propriété située dans la ville de Sudbury, lord Henry Grey, duc de Clarence, se réveillait seul dans sa chambre comme tous les jours depuis ces vingt dernières années.
Alors, comme chaque matin que Dieu faisait, il se leva. Puis, comme chaque matin après ce soir d’hiver où il avait perdu Cecilia, son épouse tant adorée, il se dévisagea dans l’imposant miroir apposé au mur.
— Eh oui, mon ami ! Encore une nouvelle journée à vivre, pour rien ni pour personne, se dit-il en regardant son pâle visage où se reflétaient, en même temps qu’une profonde mélancolie, les années passées, déjà pointées par l’empreinte du doigt qui décompose le corps.
Et cet homme bien né et bien éduqué se retrouvait aujourd’hui tout seul parce que sa tendre Cecilia n’avait pu lui donner de descendance.
Pourtant, ils s’étaient aimés, d’un amour ardent, bien avant leur mariage. Cecilia avait été une cousine éloignée avant d’être son épouse.
Chez les Grey, les épousailles entre cousins étaient d’usage, et lord Grey — 5e duc de Clarence — n’avait pas failli à cette tradition familiale.
Il se détourna alors de son reflet grisonnant et s’en alla tirer sur un épais bandeau de tissu suspendu au mur qui — relié à un long cordage — était muni en son extrémité d’une clochette en argent. Celle-ci, située dans les cuisines, se mit à tinter gracieusement. Alors, George — le valet de pied qui reconnut le tintement de la clochette qui lui avait été attribuée — se vêtit de sa veste, puis s’affaira à grimper les deux étages avant que M. Parker, le majordome, ne le lui en donne l’ordre.
Une autre clochette s’activa et Mme Jennings, l’intendante, ordonna à la bonne de s’assurer d’être prête à monter et à servir dans le petit salon d’été — dans moins de vingt minutes — le petit déjeuner de leur maître.
—George ! Ah ! Vous voilà enfin ! s’écria le duc.
—Oui, Vôtre Grâce ! Pardonnez-moi, Vôtre Grâce, lui répondit George, alors qu’il n’avait pas mis plus de deux minutes à grimper les deux étages après avoir été sollicité.
—Aidez-moi à m’habiller ! Je souhaite mettre, aujourd’hui, mon habit gris souris, lui signifia son maître.
—Heu… Pas de sortie prévue dans les jardins, Vôtre Grâce ? demanda George, timidement.
Le valet de pied savait que chaque fois que le duc mettait son costume gris souris, ces fois-là étaient à coup sûr des journées pendant lesquelles il serait encore plus désagréable que les jours où il mettait un costume de promenade.
—Non. Pas aujourd’hui. Je suis d’une humeur maussade et je n’ai point l’envie de sortir au-dehors.
George ne répondit pas à son maître. Il savait également que l’humeur maussade de ce dernier serait la même qu’hier et resterait encore identique fort longtemps. C’était ainsi depuis qu’il était rentré au service de Sa Grâce, il y avait déjà tant d’années. Et il n’y avait donc aucune raison pour que cela change…
Et bien mal pour tous ceux qui côtoyaient le duc, parce que la belle éducation qui lui avait été enseignée dans sa jeunesse s’était totalement dissipée à la mort de sa douce aimée.
Après avoir été rasé de près, lavé, parfumé et habillé de propre, le duc alla prendre seul dans le salon bleu son petit déjeuner, comme chaque matin. Son journal — repassé au fer quelques minutes plus tôt afin d’effacer tous plis qui auraient pu gêner sa lecture — lui apprit une nouvelle des plus consternantes.
—Voilà encore un moyen pour la Couronne de nous déposséder ! s’exclama-t-il pour lui seul, en avalant une gorgée de son thé brûlant.
Le visage rougi, il reposa bruyamment sa tasse sur sa soucoupe tout en maintenant de son autre main, son journal.
—Il n’est pas question de cela ! s’écria-t-il lorsqu’il arriva au bout du paragraphe.
Affligé, il jeta son journal au milieu de la table et se prit la tête entre les mains.
Un article — émanant de la Couronne et tout écrit en lettres grasses — annonçait à tous les grands propriétaires terriens, sans tenir compte de leurs titres, qu’ils risquaient de se voir taxer une partie de leurs biens dans la prochaine année et tout le reste après leurs morts. Le seul moyen d’y échapper était d’avoir une descendance masculine, quelle qu’elle soit : enfant, frère, neveu, cousin, oncle ou autres.
Ce que le duc n’avait point !
Après quelques minutes de réflexions silencieuses — tout en relevant sa tête rougie de contrariété —, le duc posa ses mains sur le rebord de la table épaisse. Il se releva en renversant bruyamment sa lourde chaise qui fit sursauter le domestique qui était posté derrière lui. Il sortit de la pièce et s’en alla trouver son majordome.
—Monsieur Parker ! s’écria-t-il dans le long corridor.
—Oui, Vôtre Grâce ! s’exclama le majordome en ressortant de la salle à manger dans laquelle il sermonnait la bonne qui avait laissé le feu de la cheminée s’éteindre.
—Faites appeler M. James ! J’ai plusieurs lettres à lui dicter et à faire partir dans l’heure ! lui intima-t-il.
—Heu, Vôtre Grâce, M. James n’est plus des nôtres, lui rappela M. Parker. Il nous a quittés, voilà deux semaines, Vôtre Grâce. Dois-je requérir la présence de M. Peterson, votre nouveau secrétaire, Vôtre Grâce ? lui demanda-t-il.
—Oui ! Oui ! Bien sûr ! Dites-lui de me retrouver dans mon bureau. Immédiatement ! ajouta-t-il sans l’ombre d’une politesse même forcée.
Une vingtaine de minutes plus tard, lord Henry marchait de long en large dans son bureau, son secrétaire installé confortablement dans l’énorme fauteuil en cuir qui s’assortissait à tout le mobilier de la pièce.
—La première lettre sera pour mon notaire ! Je veux qu’il m’assure que mes deniers sont bien protégés d’éventuelles taxes nouvelles ! La seconde sera pour cet enquêteur privé situé à la sortie de la ville ! Allons ! Prenez votre papier et votre plume ou bien je dois le faire moi-même ! s’écria le duc après son secrétaire.
Ce dernier — très jeune — venait de remplacer M. James qui avait rendu son dernier souffle, il y avait tout juste, deux semaines.
Oublier que son secrétaire avait rendu l’âme, démontrait à quel point le duc manquait de cœur !
Ou bien, sa mémoire était-elle devenue défaillante ?
C’est avec les mains tremblantes que M. Peterson attrapa maladroitement l’encrier. Celui-ci lui échappa des mains avant de se renverser sur la feuille posée devant lui.
—Nom de Dieu ! jura le duc. Quel empoté vous faites ! Allons ! Prenez une autre feuille ! lui ordonna-t-il en le bousculant légèrement.
Le jeune homme plia en quatre la feuille dégoulinante d’encre et s’en débarrassa en la jetant dans la petite corbeille en osier qui était posée au pied du bureau. Il s’essuya les mains dans son magnifique mouchoir d’un blanc immaculé — dont la dentelle abondante aurait été plus indiquée pour une femme — avant de prendre la plume d’oie qui l’attendait sur le bureau massif. Fin prêt, il remonta ses lunettes rondes qui avaient glissé sur le bout de son nez et commença à transcrire ce que son maître lui dicta.
Après plus d’une heure, M. Peterson quitta les appartements du duc avec deux longues lettres en mains dont l’encre, fraîchement déposée sur celles-ci, avait tout juste eu le temps de sécher. Il partit à la recherche de Tom, le garçon de courses, et lui remit les deux plis, en exigeant de ce dernier qu’il aille les remettre rapidement à leurs destinataires.
Une heure plus tard, lorsque le détective, M. Hambleton, se retrouva avec la demande du duc de Clarence, il fut surpris. Celui-ci lui demandait de retrouver, coûte que coûte, une personne de sexe féminin appartenant à la branche des Grey. Il mentionnait dans sa lettre qu’il n’avait pas de filiation dont il aurait pu avoir connaissance et tous ceux qu’ils connaissaient étaient déjà six pieds sous terre. Il espérait trouver encore quelqu’un de vivant faisant partie de la lignée des Grey. Ces derniers ne s’unissaient qu’entre eux et il était donc hors de question de changer cela. Après avoir haussé les sourcils, le détective jeta la lettre sur son bureau tout en pensant que cela risquait toutefois de lui prendre plusieurs mois…
Quant à son notaire, M. Campbell, il lui répondit aussitôt par missive que tous ses biens risquaient d’être fortement entamés par cette nouvelle loi.
Ce qui plongea le duc dans une colère noire…
C’est une vérité dérangeante pour laquelle il me faut vous mettre en garde, jeune dame, et à cela vous dire que si vous donnez votre main sans votre cœur afin d’obtenir des biens ou un titre, vous trouverez le mariage pénible et rempli de déceptions. Et ces alliances finissent rarement dans une relation de congruence ! En outre, être à l’abri d’une infortune ne nourrit pas le cœur et peut même vous faire perdre la raison. Si tant est que vous ne perdiez pas, avant, votre Âme…
NDC
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Samedi 7 avril 1810, Comté de Cumberland
—Miss Dolly ! Miss Dolly ! s’écria la jeune Betsy.
—Oui, Betsy, je suis là ! lui répondit la jeune femme, alors qu’elle ressortait du tout petit potager dans lequel elle bêchait la terre.
Dolly fit encore quelques pas et se retrouva face à sa camériste.
—Qu’y a-t-il, Betsy ?
—Oh ! Miss Dolly, il y a une missive pour vous ! Elle provient du comté du Suffolk, m’a indiqué Walter, le nouveau garçon de courses qui me la remise, lui dit-elle en papillonnant des yeux.
Et tout en lui disant ces mots, elle lui tendit la lettre. Dolly la récupéra dans ses mains qui s’étaient mises à trembler légèrement.
Elle recevait peu de lettres, et celles-ci étaient généralement des missives la sommant de payer de vieilles créances dont elle n’était même pas certaine qu’elles avaient été contractées par ses défunts parents. Dolly était figée sur place et fixait le pli qu’elle avait entre ses mains. Sa camériste attendit quelques secondes puis, voyant que sa jeune maîtresse — toujours silencieuse — n’ouvrirait pas son pli devant elle, elle commença à se diriger vers la maison en direction des cuisines.
Dolly l’apostropha et Betsy fit aussitôt un demi-tour sur elle-même, un large sourire trônant sur son rond visage. Dolly proposa à sa soubrette d’aller s’assoir au soleil, sur un banc usé par le temps.
Usé étant faiblement approprié pour décrire celui-ci !
D’ailleurs, tout le domaine du manoir des Marais de Kendal, qui lui appartenait depuis qu’elle avait perdu ses parents, était dans un état bien pis que ça. C’était un bel endroit de verdure qui n’avait plus qu’une valeur sentimentale pour elle, car le petit manoir tombait en ruine aussi bien par ses toitures qui ne retenaient plus les eaux de pluie, que par les murs qui laissaient passer d’affreux courants d’air. Et les moyens de la jeune femme — âgée de vingt ans et ne possédant aucun titre — ne lui permettaient pas d’en faire les réparations nécessaires.
Aussi, lui faudrait-il se rendre à l’évidence : elle devra se résigner, un jour, à vendre son petit domaine et partir vivre en ville. Ce choix deviendrait vital incessamment sous peu et lui ferait renoncer à rester vivre à la campagne. Cependant, elle espérait que celui-ci se présenterait à elle, le plus tard possible…
À moins, bien entendu, qu’elle n’épouse un homme aisé !
Ce qui aurait pu lui arriver, tant elle était belle et dotée d’un naturel rempli de charme. Son corps de jeune fille s’était métamorphosé tardivement et seulement durant sa dix-huitième année pour devenir celui d’une femme dont les rondeurs suggestives lui apportaient l’élégance et la beauté que toutes femmes du monde recherchaient. Et ses longs cheveux noirs tranchaient sur son visage de porcelaine d’une beauté exceptionnelle. Mais c’était surtout son regard vert qui était étonnant. De la couleur d’une opale, il envoutait chaque personne qui avait la chance de plonger son regard dans celui-ci. Néanmoins, comme la jeune femme ne sortait que rarement de son domaine, elle ne risquait pas de croiser quelqu’un.
Et donc, encore moins de se trouver un mari !
Il est vrai qu’elle était solitaire et préférait les longues promenades dans les plaines boisées, où il n’y avait point d’habitation. Là, elle pouvait cueillir dans une parfaite tranquillité des baies sauvages, ainsi que des plantes médicinales pour nourrir ou soigner toute sa maisonnée.
Elle avait été à bonne école avec sa gouvernante de l’époque, qui lui avait enseigné la préparation de médication. Cependant, cette dernière très âgée avait souhaité retourner auprès des siens, avant que se fassent ressentir les dernières heures qui l’emporteraient sur l’autre rive.
Aussi, la domesticité, qui était restée auprès d’elle, était donc Betsy, sa camériste, Becca, la fille des cuisines devenue la cuisinière — cette dernière ayant quitté son service à la mort de sa mère puisque les moyens de Dolly ne lui permettaient pas de régler une solde chaque mois —, ainsi que Tom, le jardinier. Il était tellement éperdument amoureux de Becca, qu’il était resté également au domaine pour être auprès d’elle.
D’ailleurs, lorsque celui-ci ne se trouvait pas dans le jardin, il était tout simplement dans les cuisines…
Tous trois n’avaient donc pas souhaité quitter leur petite maîtresse à la mort de leurs maîtres. Ils avaient préféré rester auprès de Miss Dolly Green, car c’était le seul toit qu’il leur restait à eux aussi.
Cela faisait une compagnie à la jeune femme et les liens qu’ils avaient tissés avec elle étaient plus proches de ceux de l’amitié que ceux d’une maîtresse à ses employés.
Ayant pris place sur le banc l’une aux côtés de l’autre, Dolly, tout en souriant faiblement à Betsy, releva ses jupes pour se saisir de sa petite dague. Celle-ci — qu’elle liait chaque matin autour de sa cheville — était un joli petit bijou qui avait appartenu à son défunt père. La lame avait été forgée dans de l’acier clair et le manche, taillé dans un bois exotique, était orné d’une émeraude de chaque côté, sertie dans un mélange d’or et d’acier.
Quelques mois avant qu’une mauvaise fièvre n’emporte sa mère, cette dernière la lui avait offerte en guise de cadeau pour ses vingt ans. Et comme elle s’en servait tous les jours, elle entreprit d’ouvrir avec celle-ci, sa lettre. Elle glissa la pointe de la lame sous le sceau et la cire rouge se brisa en petits morceaux. Elle rangea sa dague dans son petit étui en cuir et entreprit de lire la lettre qui provenait du cabinet d’un enquêteur privé. Ce dernier lui apprit, ou plutôt lui demandait de prouver ses liens avec la famille Grey.
—Alors là ! Quelle demande saugrenue ? La famille Grey ! Je ne sais même pas qui ils sont ! Comme c’est bizarre ! s’exclama Dolly, en caressant ses cheveux que Betsy lui avait tressés en une longue natte, ce matin même.
Puis elle tendit la lettre à sa soubrette qui eut du mal à la déchiffrer, n’ayant jamais eu de précepteur pour lui apprendre à lire.
Dolly, qui grâce à sa mère de descendance aristocratique — bien que la jeune femme n’en ait jamais rien su —, avait reçu quant à elle, une éducation raffinée. Elle savait donc lire, compter, écrire et gérer ses affaires. Et elle s’occupait aujourd’hui de la gestion de la maison avec un sens aigu de l’économie.
Il fut sûr que lorsque l’on a peu, l’on dépense peu…
Dolly récupéra la lettre que Betsy lui tendait avec un regard de désolation. Elle s’empressa alors d’apprendre à sa soubrette le contenu de celle-ci.
À la fin de cette lecture étonnante, les deux jeunes femmes, songeuses, restèrent assises sur le petit banc.
Puis Dolly se releva de celui-ci et Betsy en fit tout autant. Silencieusement, elles se dirigèrent vers la maison.
Betsy salua Dolly et retourna auprès de la cuisinière pour aider cette dernière à préparer le déjeuner et surtout pour lui relater cette étrange lettre.
Quant à Dolly, elle rentra dans ses appartements. Une fois dans sa chambre, elle relut cette surprenante correspondance. Elle était certaine qu’il y avait une erreur de destinataire et décida de ne pas y donner suite. Elle reprit le cours de sa vie, vivant toujours chaque jour dans une grande simplicité.
Plus d’un mois se passa avant qu’une deuxième lettre vienne accentuer la demande faite dans la première. L’enquêteur, M. Hambleton, requérait d’elle une réponse en retour à ses questions. En outre, il lui signifiait que sa demande était urgente et ne pouvait souffrir d’un mois de plus.
Ce courrier, d’ailleurs tout écrit sur un ton exigeant, lui faisait savoir que M. Hambleton n’avait trouvé aucune autre personne qu’elle, qui aurait pu faire partie de la branche des Grey. Elle était, a priori, la seule survivante de la lignée du duc, lui avait-il écrit sans aucune autre précision.
À la lecture de ces derniers mots, Dolly ne put s’empêcher de sourire. M. Hambleton lui indiquait, également, que dès qu’il serait certain qu’elle était bien une descendante des Grey, il lui ferait parvenir l’argent nécessaire pour son voyage jusque dans le Suffolk. Cependant, à aucun moment dans sa lettre, il ne lui annonça que lord Henry Grey, duc de Clarence, était encore en vie.
Dolly s’était dit qu’il s’agissait peut-être d’un héritage. Ses moyens frôlant le ras des pâquerettes, elle se mit à songer qu’elle pourrait bien faire prochainement quelques rénovations. Elle ressortit de sa chambre et se rendit dans le grenier.
Si elle avait un lien de parenté avec cette fameuse famille Grey — qu’elle ne connaissait pas et dont le nom ne lui disait toujours absolument rien —, ce n’est que dans le grenier qu’elle trouverait cette filiation.
Après deux bonnes heures, qu’elle passa à retourner toute une partie du grenier, Betsy arriva, une tasse de thé entre les mains. Il faut dire que le mois de mai, déjà fort entamé, était exceptionnellement chaud pour l’époque.
—Tenez, Miss Dolly, lui dit-elle.
—Merci, Betsy. Je suis déshydratée ! Ce thé tombe à point ! s’exclama-t-elle en se laissant tomber dans un vieux fauteuil en bois recouvert d’un tissu miteux.
Elle se saisit alors de la tasse de thé que Betsy tenait toujours entre ses mains.
—Que cherchez-vous dans toutes ces vieilleries ? lui demanda cette dernière, tout en secouant sa main devant son visage pour éloigner le petit nuage de poussière que Dolly venait de faire en s’assoyant.
—Le livre des naissances de ma famille, lui répondit-elle en avalant d’une traite son thé qui avait déjà quelque peu refroidi.
Tout en se relevant, elle garda quelques secondes la tasse entre ses mains avant de la reposer délicatement sur sa soucoupe. Elle déposa le tout sur une petite mallette en cuir vieillie par le temps et continua avec Betsy à rechercher l’objet tant convoité.
Il se passa encore une heure lorsque Betsy décida qu’il lui fallait satisfaire un besoin pressant. Elle récupéra au passage la tasse de thé, mais oublia la soucoupe. Alors qu’elle descendait la vieille échelle, Dolly la regarda dévaler les barreaux en bois avant de la voir sauter par-dessus les deux derniers.
Tout en lui souriant, Betsy jeta un regard en l’air à Dolly avant de s’en aller en courant. Dolly l’entendit claquer une porte, ce qui la fit sourire.
En effet, le besoin était plus que pressant !
Dolly, qui avait été distraite par ce petit interlude, retourna à ses recherches. Toutefois, toute patience évaporée, elle fit brusquement un tour sur elle-même.
—Seigneur, aidez-moi, je vous en prie ! pria-t-elle à voix haute, les paumes de ses mains tendues vers le ciel.
Comment ?
Et par quel miracle !
Nul ne saurait vous le dire…
Mais la soucoupe, que Betsy avait omis de prendre lorsqu’elle s’était saisie de la tasse, avait glissé de la petite mallette rectangulaire et s’était ébréchée en tombant sur le plancher.
Dolly écarquilla les yeux avant de se jeter sur la serrure de la mallette qui refusa de s’ouvrir sans sa clé. Tout en se demandant comment elle avait fait pour ne pas voir celle-ci posée à ses pieds, elle attrapa un vieux clou — qu’elle délogea facilement d’une poutre — et l’enfonça dans la serrure en fer forgé.
Après quelques minutes, elle entendit un petit cliquetis.
—Merci, mon Dieu ! s’exclama-t-elle en levant les yeux au ciel.
Avec un large sourire, elle souleva le couvercle et commença à en inspecter le contenu. Elle y trouva une layette de bébé ainsi qu’un hochet — le tout ayant sûrement dû lui appartenir, étant fille unique —, avant de trouver, plus en profondeur, un petit livre vert dont un ruban doré confectionné dans une très belle soie le cachetait. Elle tira de chaque côté de celui-ci afin d’ouvrir le petit livre.
Lorsqu’elle souleva la couverture de celui-ci, les feuilles qui le garnissaient se déplièrent de leur logement, laissant apparaître de magnifiques arbres généalogiques enluminés à l’or fin. L’écriture avait été délicate et appliquée.
Dolly parcourut les feuilles, les unes après les autres et parut plus qu’étonnée en voyant apparaître sur la dernière page, l’arbre généalogique de ses arrière-grands-parents. En le parcourant des yeux, elle y trouva les noms de ses parents avant leur union, puis son nom à elle.
Elle poussa alors un cri de joie.
—Miss Dolly ! Que se passe-t-il ? s’écria Betsy qui escalada l’échelle rapidement lorsqu’elle avait entendu du bruit dans le grenier.
—Oh, Betsy ! ça y est ! J’ai trouvé ce que je cherchais ! s’exclama-t-elle joyeusement en prenant Betsy dans ses bras.
Puis elles se mirent à sautiller sur place, tout en se serrant dans les bras l’une de l’autre, une joie forte envahissant leurs jeunes cœurs.
Plus tard dans la soirée et après s’être débarbouillée, Dolly répondit à la missive de M. Hambleton. Un mois plus tard, elle recevait l’argent nécessaire pour se rendre à son cabinet.
Ce soir-là, au cours du dîner, elle annonça à ses trois compères qu’elle prendrait la route toute seule — M. Hambleton ne lui ayant envoyé le nécessaire que pour une personne. Elle les informa également que durant son absence, elle leur confierait les clés du manoir.
Betsy avait versé quelques larmes, mais Dolly l’avait rassurée en lui disant qu’elle reviendrait bientôt et certainement avec assez d’argent pour faire les réparations nécessaires à leur survie.
Puis après le dîner, Dolly se rendit dans sa chambre, l’esprit enthousiaste de l’aventure qui l’attendait. Seulement, au moment de se coucher, elle se mit à songer qu’elle allait se retrouver pour la première fois complètement seule, ce qui l’inquiéta quelque peu.
Peut-être sur le chemin, rencontrerait-elle quelqu’un de son âge avec qui elle pourrait converser pour que son trajet soit des plus agréables ?
Du moins, l’espérait-elle…
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Je remercie sincèrement Lhattie HANIEL d’avoir eu l’amitié de se livrer à ce jeu des questions-réponses.
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Jean-Louis RIGUET 13 juillet 2015
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Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, Membre du Bottin International des Professionnels du Livre et de la Maison de l’Ecrivain et de la Littérature
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