[De l’écriture, de sa création à nos jours #2] : L’imprimerie et la démocratisation de l’accès à l’écriture

Pendant l’été 2023, je veux vous entretenir de l’écriture dans une sorte de résumé qui nous emmène de la création à nos jours.
Une saga passionnante qui vous apprendra bien des choses sur un mode d’expression qui n’a cessé d’évoluer au fil des siècles !
Ainsi, je pense pouvoir aborder :

1. L’origine de l’écriture et ses premières formes
2. L’imprimerie et la démocratisation de l’accès à l’écriture
3. La machine à écrire et l’automatisation de l’écriture
4. L’ordinateur et la révolution numérique de l’écriture
5. L’écriture contemporaine et les nouvelles tendances

L’imprimerie et la démocratisation de l’accès à l’écriture

Il s’agit en fait d’une révolution silencieuse de la démocratisation de l’accès à l’écriture.

Introduction
Depuis l’aube de l’humanité, l’écriture est un moyen crucial de communication et de préservation des connaissances. Cependant, pendant des millénaires, cet outil puissant était confiné à une élite restreinte, les scribes et les érudits, qui contrôlaient l’accès à l’écriture. Tout a changé avec l’invention de l’imprimerie au XVe siècle par Johannes Gutenberg. Cette innovation révolutionnaire a non seulement transformé la manière dont nous partageons l’information, mais elle a également joué un rôle déterminant dans la démocratisation de l’accès à l’écriture, ouvrant ainsi la voie à la diffusion du savoir et à l’émergence de la société moderne.

L’arrivée de l’imprimerie : une révolution culturelle

L’invention de l’imprimerie est généralement attribuée à Johannes Gutenberg vers 1440-1455. La technique de la presse à imprimer à caractères mobiles a permis de reproduire rapidement des textes en grande quantité, rompant ainsi avec la lenteur et le coût élevé de la copie manuscrite. Avec cette innovation, les livres, les pamphlets et les journaux sont devenus plus accessibles à un public beaucoup plus large.
L’imprimerie a transformé le paysage culturel, social et politique en ouvrant les portes de la connaissance à un public beaucoup plus large.

Notons néanmoins que le trésor coréen, le Jikji, conservé en France, à la Bibliothèque Nationale depuis 1950, est le premier livre inventé en 1377 par les Coréens. Il s’agit du premier imprimé à partir de caractères mobiles métalliques. Ce serait un manuel d’enseignement du bouddhisme, en caractères chinois de l’an 7 de l’ère Xuanguang. Il est arrivé en France en 1887, acheté par le premier diplomate français en poste à Séoul, Victor Collin de Plancy, collectionneur averti de livres anciens, qui constata l’ancienneté de l’ouvrage (1371-1378).
Les Coréens seraient donc les inventeurs de l’imprimerie, environ 75 ans avant Gutenberg.
La BNF avance : « Gutenberg n’a sans doute pas eu connaissance de cette invention coréenne ». Elle précise qu’il perfectionne plutôt des techniques existant en Europe « où l’on sait imprimer et reproduire l’image, à partir de 1400 environ, à l’aide d’une matrice gravée, d’abord sur bois, puis sur cuivre ».

Avant l’imprimerie, l’accès à l’écriture était réservé à quelques privilégiés, principalement des membres du clergé, des nobles et des riches marchands. La diffusion du savoir était lente et limitée, et le contrôle de l’information était entre les mains de ceux qui avaient le monopole de l’écriture. Cependant, l’imprimerie a tout changé. Les textes pouvaient maintenant être reproduits en masse et distribués à travers les villes et les régions, touchant un public plus large, comprenant des gens ordinaires qui n’avaient jamais eu l’occasion de lire auparavant.

L’essor de l’éducation et du partage des idées

L’imprimerie a eu un impact profond sur l’éducation et la propagation des idées. Avec l’accès facilité aux livres, les individus ont pu acquérir des connaissances plus rapidement et plus efficacement. Les universités ont prospéré en Europe, et une classe moyenne éduquée a émergé, participante aux débats intellectuels de l’époque. Les idées philosophiques, politiques et scientifiques ont été largement diffusées, prévoyant un climat propice à l’émergence des Lumières.
Les écrits réformateurs, tels que les thèses de Martin Luther au début du XVIe siècle, ont pu être diffusés à une échelle sans précédent, contribuant ainsi à la Réforme protestante et à la diversification du paysage religieux. L’accès élargi à l’écriture est également donné lieu à la publication de nouvelles découvertes scientifiques et à des avancées dans de nombreux domaines du savoir.

La démocratisation de l’accès à l’écriture et la naissance du journalisme

L’imprimerie a également été un catalyseur pour la naissance du journalisme moderne. Les journaux ont commencé à apparaître dans les grandes villes, offrant une source d’information indépendante et accessible à un large public. Les débats politiques et sociaux ont été animés par des éditoriaux et des articles d’opinion, permettant aux citoyens de s’informer et de participer davantage à la vie publique.
La démocratisation de l’accès à l’écriture a renforcé la notion de liberté d’expression et de liberté de la presse. Bien sûr, cette liberté a souvent été confrontée à la censure et à la répression, mais l’idée que l’information devait être accessible à tous est devenue un pilier de la société démocratique moderne.

Conclusion
L’imprimerie a marqué un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité, en démocratisant l’accès à l’écriture et en ouvrant la voie à la diffusion du savoir. Grâce à cette invention révolutionnaire, les connaissances ont pu être partagées plus rapidement et plus largement que jamais auparavant, contribuant ainsi au progrès de la pensée et à l’émergence d’une société plus éclairée.
L’imprimerie a façonné le monde moderne en favorisant l’éducation, la liberté d’expression et la participation citoyenne. Même à l’ère du numérique, l’héritage de l’imprimerie continue de se faire sentir dans notre société, rappelant l’importance fondamentale de l’accès à l’écriture pour la démocratie et le progrès humain. L’impact de cette invention sur la société et la culture est indéniable, et son héritage se poursuit encore aujourd’hui dans le monde numérique.

Dans le titre III, j’aborde la machine à écrire et l’automatisation de l’écriture.

© 21 juillet 2023 – Jean-Louis RIGUET, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, pour librebonimenteur.net